Immigration
A travers son reportage pro-immigration sur les OQTF, Complément d’enquête cible Bruno Retailleau
Un sujet qui divise les Français, vraiment ? Dans un reportage diffusé le 23 janvier, Complément d’enquête traite du sujet – ô combien brûlant – des obligations de quitter le territoire français. Ces OQTF sont au cœur du débat public depuis des terribles drames, comme les viols et les meurtres de Lola en octobre 2022 ou de Philippine en septembre 2024. Et Complément d’enquête le reconnait d’ailleurs. Mais le titre – déjà – du reportage : OQTF, quatre lettres qui divisent la France, interroge. Les OQTF diviseraient, mais qui ? Dans un sondage CSA publié fin septembre dernier, 78 % des Français se disaient favorables à l’emprisonnement des personnes sous OQTF condamnées par la justice en attendant leur expulsion effective. Des chiffres rappelés par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, cible réelle du reportage.
Une administration débordée par l’immigration, des tribunaux parfois complices
Car cette enquête entend montrer que le sujet des OQTF, surmédiatisé par « l’extrême droite », n’en est au fond pas un. Pour l’étayer, Complément d’enquête met en avant un chiffre : 1,4 % des OQTF sont des personnes condamnées par la justice, les 99 % restant sont donc sans histoire, ce qui ne justifierait pas leur mise sous OQTF. Mais le même reportage s’intéresse au traitement de ces OQTF par l’administration, en l’occurrence les préfectures, et affirme que cette administration serait sommée par sa hiérarchie de « faire du chiffre ». Mais ce que ne dit pas le reportage, c’est qu’en réalité les préfectures sont en première ligne face une immigration qui explose tous les compteurs. Et que, face à l’afflux constant et interrompu de migrants, les préfectures font ce qu’elles peuvent pour limiter la casse.
Autre sujet abordé par le reportage, celui de la justice. La justice administrative a une tradition légaliste, peu politisée, bien loin des délires du très à gauche Syndicat de la Magistrature. Pourtant, Complément d’enquête a réussi à trouver un magistrat affirmant casser à la chaîne des OQTF émises par la préfecture de sa juridiction, au motif que les raisons invoquées seraient « fantaisistes ». Il faut croire ce juge sur parole, il est anonyme et ne produit aucune preuve de ce qu’il avance. Si les journalistes du reportage reconnaissent que les principaux destinataires des OQTF rechignent parfois, voire bloquent carrément la remise de laissez-passer consulaire, document indispensable au rapatriement d’une personne sous OQTF dans son pays d’origine, comme l’Algérie ou la Tunisie, ce serait en fait la faute de l’administration française et de ses lourdeurs bureaucratiques.
Lunaire.
Bruno Retailleau attaqué frontalement par Complément d’enquête
Mais la vraie cible de ce reportage est fondamentalement Bruno Retailleau. D’ailleurs le ministre de l’Intérieur ne s’y trompe pas, évoquant face au journaliste qui l’interroge, un « reportage qui établit un choix, un choix éditorial, radicalement différent du mien ». Et Bruno Retailleau de pointer du doigt un problème essentiel dans le traitement des OQTF : celui de la justice. Le ministre évoque à ce sujet l’affaire Philippine, cette jeune étudiante de 19 ans tué par un Tunisien sous OQTF en septembre dernier. Et Bruno Retailleau de pointer du doigt la responsabilité du magistrat ayant décidé la libération du Centre de rétention administrative (CRA) au bout de 74 jours de Taha Oualidat, meurtrier présumé de la jeune femme et déjà condamné par le passé pour viol, alors que la durée légale de rétention peut aller jusqu’à 90 jours. À cet égard, Bruno Retailleau entend changer les règles, pour s’inspirer du modèle allemand qui autorise jusqu’à 500 jours de rétention.
Le journaliste de Complément d’enquête s’emploie, pour tenter de déstabiliser le ministre, à une autre technique : le reductio ad Lepenum. Il diffuse des propos de Jean-Marie et Marine Le Pen affirmant que « l’immigration n’est pas une chance pour la France », puis un extrait d’une interview récente du ministre déclarant la même chose ; vieille technique pour diaboliser un adversaire. Mais, droit dans ses bottes, Bruno Retailleau assume, et affirme – à raison – que la majorité des Français sont d’accord avec lui.
Une journaliste de Complément d’Enquête, Olivia Rubellin, résume assez bien le climat de ce reportage, via un post Instagram ou la community manager de France Télévision – le service public donc – affirme : « Moi je dirais plutôt que Bruno Retailleau n’est pas une chance pour la France ».
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