Société
Emmaüs retire le nom de l'abbé Pierre de son logo
Dans un geste symbolique, le mouvement Emmaüs a décidé de retirer la mention « Fondateur Abbé Pierre » de son logo. Une décision prise lors d'une assemblée générale extraordinaire le 21 janvier. À 91 % des voix, les représentants des 300 structures du mouvement ont approuvé cette mesure.
Ce retrait intervient dans un contexte bouleversé par de multiples accusations de violences sexuelles visant l'abbé Pierre, fondateur d'Emmaüs. Alors que l’abbé Pierre fait face, de manière posthume, à 33 accusations de ce type, le mouvement se voit contraint de réévaluer son image. Selon Bruno Morel, président d’Emmaüs France, l’association ne renie pas l’héritage de son fondateur, mais il est désormais « impossible d’honorer publiquement son image ».
Un processus difficile pour le mouvement
Cette décision va au-delà du logo. Emmaüs France a fermé définitivement le lieu de mémoire dédié à l'abbé Pierre à Esteville, en Seine-Maritime, et recommande à ses structures de retirer tous les visuels liés à son fondateur. Bien que certains groupes aient déjà fait le nécessaire, Bruno Morel reconnaît que pour d’autres, particulièrement parmi les anciens compagnons, ce processus reste complexe. « C’est compliqué pour certains », confie-t-il, soulignant la douleur de cette « page très douloureuse » à tourner.
Les révélations, qui ont émergé dans plusieurs rapports menés par le cabinet Egaé, ont choqué l’opinion publique. En juillet 2024, le premier rapport avait déjà exposé des témoignages de harcèlement et d'agressions sexuelles, mais c'est un rapport plus récent qui a jeté une ombre définitive sur l'image de l'abbé Pierre. Parmi les nouveaux témoignages, un membre de sa famille accuse l’abbé Pierre de contacts sexuels inappropriés, et un autre dénonce un viol sur mineur. Face à ces accusations, Emmaüs n’a pas hésité à qualifier son fondateur de « prédateur ».
Une justice tardive mais nécessaire
Face à cette onde de choc, l’Église catholique, elle-même, a pris des mesures symboliques, demandant l’ouverture d’une enquête judiciaire. Cependant, la procédure risque d’être freinée par la lenteur du temps, puisque les faits remontent à plusieurs décennies, entre les années 1950 et les années 2000.
Depuis sa fondation en 1949 par Henri Grouès, l’abbé Pierre, Emmaüs a été un pilier de l’aide humanitaire en France. Aujourd’hui, forte de près de 38 000 membres, l’association se trouve à un carrefour décisif. Si son dévouement aux plus vulnérables demeure l’âme de son action, le mouvement se voit désormais contraint de se réinventer, désormais détaché de l’ombre de son fondateur.
À lire aussi : Val-d'Oise : des agents pénitentiaires interpellés pour corruption
1 commentaire
Chargement
Soutenez un journal 100% indépendant!
Lettre d'information
Restez informé en recevant directement les dernières news dans votre boîte mail !