Union-Européenne
Le Parlement européen vote à l’unanimité une résolution pour exiger la libération par l’Algérie de Boualem Sansal
Un rare moment de concorde politique. Jeudi 23 janvier, à la mi-journée, les députés du Parlement européen ont voté à la quasi-unanimité – 533 votes pour, 24 contre et 48 abstentions – une résolution exigeant de l’Algérie qu’elle libère l’écrivain et intellectuel franco-algérien Boualem Sansal, détenu arbitrairement par Alger depuis plus de deux mois. Le texte de la résolution se veut musclé, et « condamne l’arrestation et la détention de Boualem Sansal et réclame sa libération immédiate et inconditionnelle ». La résolution « prie instamment les institutions de l’Union et la délégation de l’Union de faire publiquement part de leurs préoccupations aux autorités algériennes, ainsi que d’organiser une mission médicale afin d’évaluer l’état de santé de M. Sansal […] charge sa Présidente de faire traduire la présente résolution en arabe et de la transmettre aux autorités algériennes, à la Commission ainsi qu’à la haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne (Ndlr : l’Estonienne Kaja Kallas). »
Rima Hassan vote contre
À noter que cette unanimité a été brisée par 24 votes hostiles à cette résolution. La majorité de ces votes provient du groupe parlementaire The Left (Ndlr : la Gauche), un groupe d’extrême gauche regroupant notamment les neuf députés européens de La France insoumise élus en juin dernier. Si Manon Aubry et Younous Omarjee se sont abstenus, aucun eurodéputés insoumis n’a voté pour la résolution. Quant à la liste des 24 votes hostiles, s’y trouvent les noms de quatre parlementaires insoumis : Arash Saeidi, Anthony Smith, Emma Fourreau, et Rima Hassan.
Le vote de Rima Hassan est en accord avec ce que pense la juriste pro-Hamas du régime algérien, elle qui écrivait sur X/Twitter le 9 juillet 2024 que « La Mecque des révolutionnaires et de la Liberté est et restera l’Algérie », référence à peine voilée à la guerre d’Algérie et au soutien constant du FLN aux mouvements révolutionnaires et terroristes antioccidentaux du Tiers-Monde.
Boualem Sansal emprisonné pour des propos tenus sur l’antenne de Frontières
Boualem Sansal, âgé de près de 80 ans – sa date de naissance exacte n’est pas connue, pas même de lui – a été arrêté par la police algérienne à sa descente d’avion à Alger le 16 novembre dernier. Il est depuis détenu au secret dans une prison médicalisée, et son avocat français n’a pas pu assister ou avoir accès à son client ni même au dossier d’instruction. À l’écrivain de double nationalité franco-algérienne, le régime algérien reproche plusieurs charges, notamment des « atteintes à la sûreté de l'État », et des « atteintes à l'intégrité du territoire national », atteintes assimilées à du « terrorisme » par le droit algérien.
En réalité, la dictature algérienne reproche au romancier, très critique du régime, des propos tenus sur l’antenne de Frontières – Boualem Sansal est membre du comité éditorial et stratégique de notre rédaction – propos affirmant notamment la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et critiquant le régime algérien.
Sous couvert de « lutte contre le terrorisme et pour l’intégrité de l’État », accusations ridicules contre un vieil homme, intellectuel de surcroit, le régime algérien pratique donc le délit d’opinion et l’arbitraire le plus opaque et total, le tout pour, à travers Boualem Sansal, s’en prendre à la France.
L’écrivain risque la prison à vie, voire la peine de mort.
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