Immigration
Mayotte : des citoyens libèrent un lycée occupé par des migrants
Après le passage dévastateur de Chido, plusieurs établissements scolaires avaient été réquisitionnés pour abriter les sinistrés. Si la plupart d’entre eux ont déjà quitté les lieux, le lycée Bamana faisait exception. Parmi les occupants, principalement des migrants venus d’Afrique continentale des Grands Lacs. Certains espéraient y rester au-delà de la période de vigilance cyclonique, faute de solution de relogement. C’était sans compter l’intervention d’un collectif de citoyens visiblement exaspérés.
Une intervention citoyenne
Vendredi, un collectif de citoyens est intervenu directement dans le lycée pour évacuer les occupants et entreprendre le nettoyage des lieux. L’objectif était clair : permettre une reprise des cours dans de bonnes conditions. Sur place, une mère de famille, gants de ménage en main, a interpellé les occupants : « Ils nous empêchent de nettoyer là, libérez les locaux ! ». Une autre membre du collectif, tout en ramassant les affaires des migrants, s’est exclamée : « Nos enfants sont à la maison, ils ne savent pas où ils vont aller (étudier, ndlr) et eux, ils sont là, tranquilles ! ».
Pour les parents d’élèves, cette situation est particulièrement préoccupante, car elle touche directement l’avenir de leurs enfants.
« Ma fille est très inquiète, cette année elle va passer son bac. C’est une élève qui aimerait faire de longues études et aujourd’hui j’ai l’impression qu’on est en train de gâcher sa vie par rapport à des personnes qui viennent de l’extérieur. Ce n'est pas normal donc c'est à l’État de faire les efforts, de penser à nos enfants, l’avenir de demain c’est nos enfants », confie Nourou, parent d’élève.
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La réponse des autorités
Le recteur Jacques Mikulovic a confirmé que cette situation relevait d’une gestion partagée entre la préfecture et le rectorat. « Le problème des réfugiés est celui de la préfecture en ce qui concerne leur relogement. Nous souhaitions juste qu’ils occupent l’espace qui était dédié aux sinistrés lors du passage du cyclone. »
Depuis le 1er janvier, les occupants avaient élargi leur présence dans le lycée, ce qui compliquait la préparation de la rentrée. Le recteur a ajouté : « Nous sommes intervenus ce vendredi matin avec le sous-préfet Laurent Alaton pour leur demander de se regrouper sur la zone dédiée, le collectif a accéléré le mouvement. »
Une situation toujours tendue
Le nettoyage du lycée Younoussa Bamana, après son évacuation par un collectif citoyen, est désormais en cours. Si les élèves devraient pouvoir faire leur rentrée comme prévu, cette situation met surtout en lumière l'incapacité de l'île à gérer durablement l'immigration et ses infrastructures limitées, repoussant à plus tard des problèmes qui continuent de s'aggraver.
Pendant ce temps, au niveau national, les députés s’apprêtent à examiner le projet de loi d’urgence pour Mayotte, qui prétend apporter des réponses à ces multiples crises.
Accélérer les règles et procédures en matière d’urbanisme, aucune mesure liée à l’immigration
Ce projet de loi, premier texte du gouvernement Bayrou débattu dans l’hémicycle, cherche à simplifier et accélérer les règles en matière d’urbanisme pour reconstruire rapidement l’archipel. L’objectif est clair : permettre une remise en état rapide des infrastructures, indispensables à la population. Si ce texte est adopté, le gouvernement pourra prendre des mesures dérogatoires pour accélérer les constructions, comme cela avait été fait lors de la reconstruction de Notre-Dame, en contournant certaines normes.
Toutefois, ce projet de loi soulève des critiques, car il reste silencieux sur une question centrale pour Mayotte : l’immigration. Alors que le lycée Bamana illustre la pression migratoire sur les infrastructures locales, le texte ne prévoit aucune mesure sur le droit du sol ou la gestion des flux migratoires. Le gouvernement promet néanmoins un autre texte pour mars, censé aborder ces enjeux de manière plus durable, dans l’espoir d’apporter des solutions adaptées aux défis spécifiques de l’île.
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