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Belgique : le « cordon sanitaire » appliqué au discours de Donald Trump fait scandale
Un début de remise en cause du « cordon sanitaire » en Belgique francophone ? En Belgique, la principale chaine de télévision francophone a appliqué un temps de différé de deux minutes dans la retransmission du discours d’investiture de Donald Trump lundi 20 janvier, au nom du « cordon sanitaire », rapportent nos confrères du Figaro. Ce vendredi 24 janvier, la ministre wallonne de la Fonction publique et des Médias, Jacqueline Galant, s’est interrogé sur le bien fondé de cette décision de la RTBF (Radio-Télévision belge de la Communauté française). « Je leur ai écrit pour demander la méthodologie qui avait été utilisée et sur quels critères juridiques ce choix reposait. Je ne remets pas du tout en cause le cordon sanitaire, je suis contre tous les extrémismes. Mais je pense que ça pose question et donc j’attends des réponses que j’espère avoir rapidement », a déclaré ce vendredi la ministre issue du Mouvement Réformateur (centre droit). « Pourquoi avoir pris cette décision alors que ce discours est retransmis en direct partout ailleurs dans le monde ? », a-t-elle poursuivi. Et d’ajouter : « Je m’interroge sur [le] fonctionnement [de la RTBF]. Quel est son périmètre ? Est-ce qu’il s’applique au monde entier ? Pourquoi ne s’applique-t-il pas à tous les extrêmes ? Qui décide qui est d’extrême droite et qui ne l’est pas ? La confiance dans les médias traditionnels est dramatiquement basse, ces zones d’ombre n’améliorent pas les choses », a achevé la ministre.
La RTBF se justifie mais n’évite pas la polémique
La directrice adjointe de l’information de la RTBF, Aurélie Didier, a justifié sa décision, en direct, quelques instant avant le début de la retransmission du discours de Donald Trump : « Nous avons constaté à plusieurs reprises que Donald Trump a tenu des propos racistes, d’extrême droite, xénophobes, d’incitation à la haine également. Nous avons décidé de diffuser son discours en léger différé pour prendre le temps de l’analyse », avait-elle expliqué. « C’est une pratique que nous appliquons depuis de nombreuses années. Il permet d’éviter de banaliser de tels propos. Il ne s’agit certainement pas de censure. » avait martelé la journaliste.
Une justification qui n’a pas empêché la polémique d’enfler. Dès le lundi soir 20 janvier, le président du Mouvement réformateur, Georges-Louis Bouchez, s’agaçait sur X/Twitter : « Il y a un vrai problème à la RTBF. Qui sont ces experts qui déterminent le bien et le mal ? On peut ne pas partager le projet de nouveau président des États-Unis mais rien ne peut justifier qu’un président élu démocratiquement reçoive ce traitement de la part de petits chefs de la pensée. La direction de l’information de la RTBF n’est pas le Ministère de la censure et de la propagande. Nous allons agir en conséquence. » prévenait le responsable politique belge.
Le « cordon sanitaire », une « tradition » encore vivace en Wallonie
Si cette affaire prend une telle importance outre-Ardennes, c’est que le « cordon sanitaire » vis-à-vis de « l’extrême droite » est une vieille « tradition » belge. Elle remonte au « Dimanche noir », le 24 novembre 1991, lorsque le parti nationaliste et indépendantiste flamand Vlaams Blok (devenu Vlaams Belang) avait réalisé une importante percée électorale aux élections législatives et fait son entrée au Parlement, devenant même la première force politique à Anvers. Depuis, médias comme partis politiques belges s’interdisent de s’allier ou même de discuter avec les partis nationalistes ou toute personne assimilé à « l’extrême droite ». De nombreuses fois attaqué en justice, le dispositif est validé par un arrêt du Conseil d’État en juin 1999.
Si le « cordon sanitaire » s’est quelque peu relâché ces dernières années en Flandres néerlandophone, en raison de la nette progression du Vlaams Belang, en Wallonie, il est toujours là.
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