Immigration
Aéroport Charles-de-Gaulle : des militants d’extrême-gauche distribuent des tracts pour bloquer les expulsions d’OQTF
Ce mardi 21 janvier 2025, aux portes d’embarquement de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, des militants ont distribué un tract détaillant les étapes pour empêcher l’expulsion des personnes visées par une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Cette initiative, révélée par notre confrère Nicolas Boutin, journaliste à Valeurs Actuelles, invite les passagers à intervenir directement à bord des avions pour perturber les départs. Retour sur ce moment de militantisme hors sol.
L’origine du tract : Lyon Anticra, le visage d’un militantisme radical
Si les auteurs de la diffusion de ce tract à l’aéroport restent inconnus, l’origine du document, elle, ne fait aucun doute. Il provient du site Crametoncralyon, vitrine du collectif d’ultra-gauche Lyon Anticra, bien connu pour son opposition farouche aux Centres de Rétention Administrative (CRA) et aux politiques migratoires françaises.
Ce groupe radical ne se contente pas de dénoncer : il agit. Par le biais de tracts, de guides et de matériel militant, il encourage à la désobéissance civile et à la confrontation directe avec les institutions. Le document distribué à Roissy en est une illustration parfaite. Entre appels à ignorer les forces de l’ordre, à hurler dans les avions, et à contester toute expulsion en la qualifiant de « raciste », les méthodes du collectif lyonnais se veulent provocantes et perturbatrices.
Un appel explicite à empêcher les expulsions
Le document, accompagné de dessins explicatifs sur un ton militant, invite les passagers à « sauver des vies » en intervenant directement à bord des avions. Parmi les diverses consignes, il est recommandé aux voyageurs d’aller vérifier « au fond de l’avion » si une personne est sous escorte policière. Une fois identifiée, les passagers sont invités à dialoguer avec elle pour comprendre sa situation et informer les autres voyageurs afin de créer une mobilisation collective.
Le document insiste également sur l’importance de perturber physiquement le déroulement du vol. Il préconise, par exemple, de rester debout pour empêcher la fermeture des portes ou de « manifester [son] angoisse » en criant ou en engageant des débats avec les autres passagers. Le message central est clair :
« Avant le décollage de l’avion, vous pouvez parfois sauver une vie. Ces actions mènent dans sept cas sur dix au débarquement et à la libération de la personne concernée. ».
”
« Je refuse de payer mes impôts pour ça »
Parmi les perles offertes par ce tract, on trouve cette phrase : « Je refuse de participer, je ne paye pas mes impôts pour ça. ». Enfin une indignation sur la bonne gestion de l’argent public. Il est ironique que ces mêmes militants, si préoccupés par l’utilisation de leurs impôts pour expulser des délinquants étrangers, ne trouvent rien à redire au fait de financer l’ensemble des services sociaux qui leur sont offerts. La logique est implacable : s’indigner d’un euro dépensé pour expulser quelqu’un qui n’a rien à faire ici, tout en applaudissant les millions d’euros annuels engloutis dans leur maintien.
« Harcèlement policier » et autres accusations gratuites
Dans un registre toujours plus outrancier, le tract recommande aux passagers de ne pas céder face à ce qu’il qualifie de « harcèlement policier ». Il s’agit, bien sûr, des agents qui ne font que leur travail en appliquant des décisions de justice et qui, au passage, sont souvent pris à partie et insultés dans ces situations. Mais dans l’imaginaire de ces militants, les forces de l’ordre ne sont jamais là que pour harceler, opprimer, agresser.
« C’est un acte raciste »
Autre joyau du tract :
« Ignorez les arguments du personnel de bord tels que : "Cette expulsion est légale et vient d’une décision de justice" ou souvent faux comme : "Cette personne est peut-être un criminel" et trouvez de quoi répondre : « C’est un acte raciste. Elle n’a rien fait qui justifie une telle violence. »
”
Le mot magique. Le simple fait d’expulser une personne est donc automatiquement un acte raciste, même lorsque cela concerne des individus ayant commis des infractions ou représentant un danger.
Bien sûr, tout cela s’accompagne d’un refus obstiné de reconnaître que les expulsions ne concernent pas n’importe qui. Les OQTF visent des personnes en situation irrégulière ayant épuisé tous les recours légaux, souvent après des délits ou des infractions graves. Ces procédures ne sont ni arbitraires, ni impulsives. Mais pour ces militants, peu importe : toute expulsion est un acte injuste par définition. On ne cherche pas à comprendre, on se contente de hurler – au sens propre comme au figuré.
Les implications légales du tract militant : éclairage de Me Philippe Prigent
Nous avons consulté un avocat, Me Philippe Prigent, pour comprendre les implications légales des actions encouragées par le tract distribué à l’aéroport Charles-de-Gaulle. Son analyse est sans appel : les auteurs de ce document pourraient être exposés à plusieurs poursuites judiciaires, tant sur le plan pénal que civil.
D’abord, la diffusion d’un tel tract pourrait constituer une provocation à commettre un délit, notamment en incitant à la dénonciation calomnieuse ou à l’outrage envers des dépositaires de l’autorité publique. En vertu de l’article 23 de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, si au moins une personne suit les consignes imprimées – comme accuser de racisme ou perturber un vol – les auteurs du tract pourraient être considérés comme complices de ces délits. Même en l’absence d’acte concret, une provocation explicite pourrait être sanctionnée si elle est suivie des faits.
Ensuite, Me Prigent rappelle que les consignes visant à résister à l’exécution des OQTF, décisions de justice ou administratives, relèvent également du délit de rébellion. Encourager des passagers à entraver l’action des forces de l’ordre ou du personnel navigant, par exemple en opposant une résistance violente ou en perturbant un vol, pourrait constituer une provocation à la rébellion, engageant directement la responsabilité des auteurs du tract.
Enfin, sur le plan civil, entraver le déroulement d’un vol ou causer des retards opérationnels pourrait ouvrir la voie à des actions en réparation des dommages subis par l’aéroport ou les compagnies aériennes. Cependant, Me Prigent souligne que quantifier un tel préjudice, comme un gain manqué ou une perte financière, pourrait être complexe à démontrer devant un tribunal.
Ce tract, sous couvert de militantisme, pourrait bien franchir la ligne rouge de la légalité, exposant ses auteurs à des poursuites pour complicité de délits ou pour incitation à des actes perturbateurs, voire dangereux.
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