Immigration
Bruno Retailleau : annonces sur l’AME, l’accord de 1968 et les statistiques ethniques
Invité de BFMTV ce dimanche 19 janvier, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a abordé plusieurs sujets sensibles, allant de l’Aide médicale d’État (AME) à l’accord franco-algérien de 1968 en passant par les statistiques ethniques. Voici les principaux points de son intervention.
Réforme de l’Aide médicale d’État
Bruno Retailleau a annoncé vouloir « toucher » à l’Aide médicale d’État (AME), un dispositif destiné à offrir un accès aux soins aux étrangers en situation irrégulière. Il a toutefois précisé qu’il ne s’agissait pas de remettre en cause son existence, mais de restreindre son périmètre. « Sur tous nos systèmes sociaux, je ne veux pas que la France soit plus généreuse que les pays européens », a-t-il déclaré, en évoquant la nécessité d’un alignement sur les pratiques de pays comme l’Allemagne ou la Suède. Selon le ministre, l’AME, en l’état, serait un « encouragement à la clandestinité », une critique déjà formulée dans le rapport Evin/Stefanini de 2023.
Retailleau a insisté sur l’importance de réduire les incitations pour les filières de passeurs et les trafiquants d’êtres humains : « Si on est au-dessus de la moyenne en matière de soins, d’aides sociales, de regroupement familial, on oriente les flux vers la France plutôt que vers d’autres pays. » Il a toutefois ajouté que l’aide d’urgence resterait garantie, affirmant : « On ne va pas laisser les gens mourir dans la rue. »
Remise en question de l’accord franco-algérien de 1968
Bruno Retailleau a également proposé durant son interview à BFMTV de « remettre sur la table » l’accord bilatéral de 1968 entre la France et l’Algérie, qui facilite les conditions de séjour, de circulation et d’emploi des ressortissants algériens en France. Cet accord, selon lui, est « daté » et « a déformé l’immigration algérienne ».
Cette annonce intervient dans un contexte de tensions diplomatiques entre les deux pays, notamment après le refus par l’Algérie d’accueillir un influenceur algérien expulsé de France malgré la détention d’un passeport biométrique. Retailleau a qualifié cet épisode d’« humiliation » pour la France et plaidé pour une réponse forte : « Sans rapport de force, on n’y arrivera pas. » Il a également dénoncé l’« agressivité » d’Alger et a estimé que « la France a fait tout ce qu’elle pouvait sur le chemin de la réconciliation », sans retour équivalent.
Ouverture aux statistiques ethniques
Interrogé sur le recensement et la collecte de données relatives aux lieux de naissance des parents, Bruno Retailleau s’est dit favorable à cette initiative, qu’il ne considère pas comme une véritable statistique ethnique. « Je suis favorable à ce questionnaire, mais à une condition : qu’on ne les utilise pas pour de la discrimination positive », a-t-il précisé.
Retailleau a rappelé son opposition aux pratiques américaines de discrimination positive, tout en insistant sur l’utilité de ces données pour mieux connaître la réalité de l’immigration en France. Cette position intervient alors que le modèle républicain français limite strictement l’usage de statistiques ethniques, perçues comme incompatibles avec le principe d’égalité entre citoyens.
Aucun commentaire
Chargement
Soutenez un journal 100% indépendant!
Lettre d'information
Restez informé en recevant directement les dernières news dans votre boîte mail !