Société
Bordeaux rallume ses rues : un nouveau virage à 180° pour Pierre Hurmic, contraint de reculer face à la fronde populaire
Depuis son élection en 2020, Pierre Hurmic, maire écologiste de Bordeaux, a pris plusieurs décisions controversées, souvent suivies de revirements spectaculaires. La récente annonce du rétablissement partiel de l’éclairage public nocturne sur certains axes principaux en est l'illustration parfaite.
Un maire contraint de revoir sa copie
Lorsque Pierre Hurmic lance son plan « Bordeaux nuit étoilée », il en vante les mérites écologiques et budgétaires : 800 000 euros d’économies annuelles, une ville qui respire enfin sous un ciel moins pollué. Mais après plus de deux ans d’expérimentation, la mairie fait volte-face et rallume les lampadaires. Un retour en arrière qui ne doit rien à la clairvoyance, mais tout à la pression populaire. « Nous avons entendu les inquiétudes des Bordelais et Bordelaises », concède-t-il, le 5 février dernier, en annonçant un assouplissement du dispositif.
Désormais, l'extinction des lumières publiques sera repoussée à 2h30 du matin, un horaire calqué sur la fermeture des bars, pour répondre aux nombreuses récriminations. Plus encore, les grands axes seront rééclairés en continu, avec un objectif de 90 % des trajets nocturnes en zone éclairée à terme.
Agression rue du Tondu : treize dents brisées
Une victoire pour les habitants, une déconvenue pour l'édile qui, une fois encore, semble découvrir après coup les effets de ses décisions. Cet énième revirement est également dû à une pétition lancée le 22 octobre dernier et ayant rassemblé près de 3 000 signatures. Pour Amaëlle Fontaine, qui en est l’initiatrice, le plan « Bordeaux nuit étoilée » ne brille que par son intitulé flatteur. « La réalité du terrain pour les habitant-es de la ville est toute autre », souligne-t-elle, pointant du doigt un quotidien bien moins poétique pour les Bordelais.
« Désormais et chaque fois que nous rentrons chez nous à partir d’1h du matin, c’est avec un sentiment d’angoisse grandissant. La mairie n’est pas sans savoir que la délinquance sévit dans Bordeaux et ce dans tous les quartiers, et il n’y a rien de plus stressant que de ne pas pouvoir voir devant ni derrière soi quand on avance. »
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Les commentaires abondent, les témoignages se succèdent, et l’exaspération le dispute à l’amertume. « Certaines rues sont redevenues des coupe-gorge, comme au XVIIIe siècle ! », lâche un habitant, comme une évidence. Un autre, visiblement las, résume l’état d’esprit général : « Nous en avons assez que l'idéologie écolo passe avant notre sécurité et celles de nos familles. »
Il faut dire que certains Bordelais ont appris à leurs dépens que l'obscurité imposée avait un prix. Un homme raconte son agression rue du Tondu : treize dents brisées. L’addition est salée :
« À ma charge aujourd’hui 15 000 € ! Parce que rien ne prouve que j’ai été agressé. ».
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Désormais, celui qui faisait son trajet quotidien à pied a troqué la marche pour la voiture, préférant quelques émissions de CO₂ à un passage en service maxillo-facial. « Écologie ???? Vraiment ??? », ironise-t-il.
Mais tout cela n’est sans doute qu’une question de priorités. Un père de famille exprime, quant à lui, une requête simple : « Pour que mes enfants rentrent le soir en toute sécurité, pour que l’argent public soit utilisé avec pertinence. ».
Lumières éteintes ici, projecteurs allumés ailleurs
Ah, l’épineuse question de la répartition des fonds municipaux… Là où certains auraient pu croire qu’une mairie investit prioritairement dans la sécurité et la qualité de vie de ses administrés, Pierre Hurmic, lui, a préféré se tourner vers d’autres horizons, bien loin des préoccupations immédiates des Bordelais.
L’éclairage public, c’est bien peu de chose comparé à la posture du grand humaniste éclairé. Car pendant que les habitants demandent des éclairages fonctionnels et une ville où l’on peut marcher sans craindre pour sa sécurité, le maire de Bordeaux, lui, inaugure des expositions sur le sort des migrants, multiplie les effets d’annonce sur l’accueil des réfugiés afghans et affiche son soutien indéfectible à SOS Méditerranée.
De l’idéologie à la réalité : l'édile contraint de dégainer
Autre volte-face marquante de la gestion Hurmic : l’armement de la police municipale. Après avoir longtemps refusé de l'armer, il a finalement cédé fin 2023, sous la pression d’une insécurité grandissante et d’une opposition politique en embuscade.
« Le monde s'est aggravé, il y a plus d'armes qui circulent », s’était-il justifié. Mais pour beaucoup, ce virage sécuritaire trahit une gestion contradictoire et à courte vue. Tout comme pour le retour à l’éclairage partiel, c’est moins un choix raisonné qu’une décision imposée par la pression publique. Une gestion en réaction, donc, qui démontre une absence totale de vision claire pour Bordeaux.
Pierre Hurmic : un maire sans vision ni anticipation ?
La gestion de la Belle Endormie sous Hurmic se caractérise finalement par une approche réactive plutôt que proactive. Que se passera-t-il si cette politique hésitante se poursuit en cas de réélection en 2026 ? Les Bordelais auront-ils encore confiance en un maire qui semble découvrir les conséquences de ses décisions après les avoir prises ?
La ville a besoin d’une gouvernance claire, anticipative et cohérente. À l’aube des prochaines municipales, les habitants devront trancher entre une gestion au jour le jour ou une vision à long terme pour la cité girondine.
Après avoir administré Bordeaux comme on scrolle un fil d’actualité, Pierre Hurmic a même quitté X pour Bluesky. Un réseau qui, à bien y regarder, semble parfaitement en phase avec sa façon de gouverner : sans cadre bien défini, affranchi de toute contrainte et où, décidément, la "lumière" peine à s’imposer.
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