« The Game » : un jeu dangereux, entre illusions et réalités des Balkans

Depuis plusieurs décennies, les Balkans sont une voie incontournable pour les migrants clandestins cherchant à rejoindre l’Union européenne. Cette route, traversée par des milliers de personnes chaque année, est perçue par beaucoup comme un véritable « jeu ». Loin d’être un divertissement, ce terme désigne le périple risqué et semé d’embûches que doivent affronter les migrants pour franchir les frontières et espérer un avenir meilleur en Europe. Ce phénomène, observé à Trieste, en Italie, met en lumière un véritable défi géopolitique et humain, où les enjeux sont bien plus dangereux qu’il n’y paraît.

Dès le début de notre enquête, nous avons observé que « The Game » est une expression couramment utilisée par les migrants pour décrire leur parcours clandestin à travers les frontières européennes. Popularisé sur des plateformes comme Telegram, ce terme rassemble des milliers de migrants qui échangent des informations sur les itinéraires les plus sûrs, les horaires, les points GPS et les bonnes pratiques pour traverser ces zones à haut risque. À chaque étape, ils parlent de « victoire » ou de « défaite », car chaque tentative de passage est un combat contre les patrouilles, les conditions climatiques extrêmes et la dangerosité des terrains traversés. La traversée d’une frontière peut commencer par un simple trajet en bus ou en taxi, mais le reste du parcours se fait souvent à pied, sur des terrains difficilement accessibles, où les migrants sont guidés par des repères partagés en ligne ou par des passeurs. Ce « jeu » ne se joue pas seulement avec des cartes et des itinéraires : chaque instant peut être fatal.

Notre reportage a pris forme à travers plusieurs étapes de cette route migratoire, en Bosnie, en Serbie, et enfin à Belgrade, où nous avons rencontré des migrants venant de pays aussi divers que l’Afghanistan, la Syrie, l’Irak, mais aussi du Maghreb. Ces migrants, parfois jeunes, rêvent d’une vie meilleure en Europe, avec pour objectif l’eldorado de