Société
Nuisances, insécurité et trafic de drogue : les riverains s’inquiètent du maintien de la salle de shoot à Paris
Alors que le gouvernement martèle son engagement contre le narcotrafic, les habitants du quartier Lariboisière-Gare du Nord s’inquiètent du devenir de la salle de consommation de drogue à moindre risque (SCMR) de la rue Ambroise-Paré, dans le Xᵉ arrondissement de Paris.
Depuis son ouverture en 2016, cette salle suscite des tensions croissantes avec les riverains, qui dénoncent une aggravation des nuisances : insécurité, trafic de drogue omniprésent et dégradation du cadre de vie. À l’approche de la fin de la période d’expérimentation, prévue pour octobre prochain, le collectif Riverains Lariboisière-Gare du Nord craint que la décision de prolonger cette structure soit prise sans consultation adéquate.
Une évaluation biaisée selon les habitants
En 2021, un rapport de l’Inserm, confié à la sociologue Marie Jauffret-Roustide, avait dressé un bilan positif de la salle de consommation. Depuis, d’autres études, notamment celles de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de la Fondation Jean-Jaurès, semblent suivre la même tendance. Mais les habitants dénoncent une absence de prise en compte de leur quotidien : « Notre avis a été recueilli en une réunion Zoom d’une heure. Comment peut-on parler d’évaluation sérieuse ? », s’insurge un membre du collectif.
Selon eux, ces rapports ignorent les problèmes de tranquillité publique et minimisent l’ampleur du deal qui s’est développé aux abords de la structure. « On nous impose de “vivre avec les drogues” au lieu de lutter contre », déplore Sylvie, une riveraine. Comme le rapporte le JDD, les académies de médecine et de pharmacie elles-mêmes s’opposent à ces salles, qui n’ont pas pour objectif le sevrage mais seulement l’accompagnement de la consommation.
Un coût élevé pour la collectivité
Financées en grande partie par des fonds publics, ces structures représentent un coût conséquent pour la collectivité. La salle de consommation de Paris, située près de l’hôpital Lariboisière, mobilise plusieurs millions d’euros chaque année, entre les frais de personnel, de sécurité et de matériel stérile. Une enveloppe qui suscite des critiques, notamment de la part des riverains et de certains élus, qui estiment que cet argent pourrait être mieux employé, par exemple dans des dispositifs de sevrage ou de réhabilitation des toxicomanes. À cela s’ajoute la question des financements alloués aux forces de l’ordre, souvent débordées par la recrudescence des trafics aux abords de ces centres.
Une contradiction avec la lutte contre le narcotrafic
Les riverains réclament une rencontre avec les ministres de l’Intérieur, de la Justice et de la Santé afin d’exposer leur situation. Ils dénoncent un paradoxe : alors que le gouvernement affiche sa volonté d’éradiquer le narcotrafic, il finance des structures qui, selon eux, participent indirectement à l’installation durable du phénomène.
Le quartier, au cœur d’un flux constant de toxicomanes et de dealers, est devenu invivable pour ses habitants. « L’État nous demande d’accepter une situation qui détruit notre quotidien », résume un commerçant. À quelques mois de la fin de l’expérimentation, la bataille entre riverains et défenseurs de la SCMR est plus que jamais relancée.
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