Société
France Info et la polémique du bandeau : « 200 otages palestiniens retrouvent la liberté »
Le samedi 25 janvier 2025, France Info a diffusé un bandeau controversé déclarant : « 200 otages palestiniens retrouvent la liberté ». Cette erreur de terminologie, survenue alors que quatre otages israéliennes étaient simultanément libérées, a immédiatement provoqué un tollé.
Une réaction rapide de France Info
Dans un communiqué transmis à l’AFP, le groupe France Télévisions a reconnu une « erreur inadmissible » :
« À la suite d’une erreur inadmissible, un titre totalement inapproprié […] a été brièvement diffusé dans un de nos journaux. »
”
La porte-parole du groupe a précisé que les premiers éléments de l’enquête interne montrent qu’il s’agit d’une « erreur humaine dans l’écriture du bandeau, et en aucun cas d’un acte politique ou d’un acte de malveillance ». Elle a ajouté que le journaliste, à l’antenne, avait bien utilisé le terme correct de « prisonniers palestiniens ». France Télévisions a également assuré que cette erreur ne reflète « en aucun cas la ligne éditoriale de la chaîne ».
Des excuses ont été présentées à plusieurs reprises aux téléspectateurs dans la soirée, et la direction a souligné son engagement à maintenir une rédaction capable d’informer avec « exactitude ». Une enquête interne a été ouverte pour comprendre comment une telle faute a pu se produire. Le responsable à l’origine du bandeau a été suspendu en attendant les résultats.
Une saisie de l’Arcom et des critiques incendiaires
L’affaire a pris une dimension politique avec l’intervention de Caroline Yadan, députée Renaissance et élue de la 8ᵉ circonscription des Français de l’étranger, qui inclut notamment Israël, l'Italie, la Grèce et la Turquie. Sur X, elle a exprimé son indignation en ces termes :
La députée est connue pour son engagement contre l’antisémitisme. Sa démarche a été saluée par une partie de l’opinion publique, qui voit dans cette saisine de l’Arcom un moyen de défendre l’éthique journalistique.
Ersilia Soudais : entre soutien polémique et relai d’insinuations discutables
À l’opposé, Ersilia Soudais, députée La France Insoumise, a vivement critiqué la décision de suspendre le responsable, accusant France Info de céder à des pressions politiques :
Ce tweet a suscité une vague d’indignation. Les internautes ont dénoncé une insinuation sous-jacente dans ses propos, à savoir que Caroline Yadan aurait exercé une influence excessive sur France Info en raison de son engagement contre l'antisémitisme. Un internaute, se décrivant comme « militant universaliste » et « ex-musulman », a fustigé l’élue LFI sur X :
Cette remarque souligne les dangers réels d’une rhétorique équivoque qui nourrit des théories complotistes insidieuses sur une supposée domination de la communauté juive sur les médias.
La députée persiste et signe en retweetant Meriem Laribi, journaliste, qui écrit avec un aplomb remarquable :
Un message qui, derrière une façade de solidarité professionnelle, s’attaque frontalement à ceux qui ont osé critiquer l’erreur de la chaîne. Mais surtout, il introduit une rhétorique clivante et dangereuse avec cette mention des « pions d’Israël », une expression savamment choisie et qui en dit long sur la vision du monde de ses auteurs et partisans.
Soutiens inattendus : l’apologie d’une erreur
Certains militants et figures publiques ont exprimé un soutien surprenant au responsable du bandeau. Le compte militant « Caisses de grève » a ainsi tweeté :
« Encore merci à l'auteur de ce magnifique bandeau (qui a été suspendu), une goutte d'information dans un océan de propagande. »
”
Dans la foulée, Kamil Abderrahman, ancien journaliste associé au Média et connu pour ses prises de position radicales, a surenchéri :
Ces déclarations, glorifiant une erreur factuelle, traduisent une volonté de politiser le débat en détournant l’incident en acte de courage. Kamil Abderrahman, qui s’est déjà illustré par des critiques virulentes contre Israël et des appels au boycott, a été qualifié par certains médias de figure polémique du militantisme pro-palestinien.
Une erreur similaire chez BFMTV
France Info n’est pas le seul média touché par cette polémique. La chaîne concurrente BFMTV a également commis une erreur comparable sur son site internet, où un article mentionnait la libération de « 200 otages palestiniens ».
La direction de BFMTV a présenté ses excuses pour cette « expression inappropriée », affirmant qu’elle « ne correspond pas à la réalité des faits ». La chaîne a rapidement corrigé l’article et déclaré à l’AFP :
« Cette erreur a été prise très au sérieux et corrigée aussi vite que possible, dans une volonté de transparence. »
”
Un contexte complexe
L’incident s’inscrit dans un contexte particulièrement sensible. Les otages israéliens libérés étaient des civils, capturés lors des attaques du 7 octobre 2023, tandis que les prisonniers palestiniens comprenaient, pour certains, des individus condamnés pour des actes de terrorisme.
En qualifiant ces prisonniers d’« otages », certains médias ont, volontairement ou non, établi un parallèle entre deux réalités fondamentalement différentes. Ces choix sémantiques ont provoqué des critiques virulentes, notamment de la part du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), qui a dénoncé une présentation « partiale et biaisée » des faits.
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