Société
La France confrontée à une recrudescence des enlèvements : un kidnapping par jour
L’affaire récente de David Balland, cofondateur de Ledger, spécialiste des cryptomonnaies, rappelle que les enlèvements contre rançon, bien que souvent discrets, demeurent une menace. Selon un bilan de la police et de la gendarmerie, pas moins de 400 affaires d’enlèvements et séquestrations ont été recensées en 2023, soit une moyenne d’un kidnapping par jour.
Dans 140 cas, les mobiles sont identifiés : 58 affaires sont directement liées au trafic de stupéfiants et 30 concernent des dettes sans lien avec la drogue. Ce phénomène, bien que stable ces dernières années, met en lumière une évolution des cibles et des méthodes des criminels.
Cryptomonnaies, influenceurs et violence ciblée
Les malfaiteurs, souvent âgés de 20 à 40 ans, ciblent des profils à risque : influenceurs, experts en cryptomonnaies ou individus affichant des signes de richesse sur les réseaux sociaux. « Les criminels repèrent les victimes là où se trouve l’argent », souligne la colonelle Marie-Laure Pezant, porte-parole de la gendarmerie.
Les rançons exigées varient considérablement : de quelques milliers d’euros à plusieurs millions, parfois payables en cryptomonnaies. Une affaire récente illustre cette violence : un quinquagénaire, influent dans le domaine des cryptomonnaies, a été enlevé à son domicile dans l’Ain le 31 décembre et retrouvé trois jours plus tard à 600 kilomètres, ligoté et violenté.
Depuis le 20 décembre 2023, le GIGN a dû intervenir sur une dizaine d’affaires similaires. Ces actes, inspirés par des pratiques venues d’Amérique du Sud et popularisées par des films et vidéos en ligne, reflètent une « mexicanisation » inquiétante de la criminalité, comme l’a décrit Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur.
Une menace grandissante et des criminels organisés
Comme le rapporte le Figaro, parmi les 400 cas recensés en 2023, les équipes spécialisées restent rares mais redoutables. « Ces réseaux recrutent des délinquants pour des missions bien précises, souvent cloisonnées, rendant l’identification des commanditaires difficile », explique le commissaire Yann Sourisseau, de l’Office central de lutte contre le crime organisé.
L’explosion des cryptomonnaies a également aiguisé l’appétit des criminels. Outre les influenceurs, des financiers véreux ou des personnalités exposées sur TikTok et Instagram figurent parmi leurs cibles. L’exposition numérique et les démonstrations ostentatoires de richesse amplifient les risques : « Partager ses dates de vacances ou des photos luxueuses constitue une prise de risque énorme », alerte la colonelle Pezant.
Face à cette menace, les unités d’élite, comme le GIGN, échangent désormais leurs expertises avec des forces spéciales étrangères, confrontées aux mêmes défis. Mais une chose est claire : cette criminalité, autrefois marginale, est désormais bien ancrée sur le territoire français.
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