Politique
Un « sentiment de submersion migratoire » : François Bayrou maintient ses propos devant l’Assemblée
Invité à parler de l’immigration en France, lundi 27 janvier sur LCI, le Premier ministre a dit que le pays était proche d’un « sentiment de submersion ». Problème : en parlant de sentiment, il s’est mis la droite à dos, et avec le mot submersion, c’est la gauche qui a crié au scandale. Mais, évidemment, c’est la gauche de l’hémicycle qui, aujourd’hui, a demandé des comptes au Premier ministre.
Boris Vallaud : une condamnation sans appel
« Monsieur le Premier ministre, submersion. Ce mot est celui de l’extrême droite, partout en Europe et dans le monde. Un mot qui blesse autant qu’il ment. Choisissez-vous vos mots par hasard ou les avez-vous sciemment empruntés à l’extrême droite, dont vous prétendez ne plus jamais vouloir dépendre ? » a tonné Boris Vallaud en préambule.
Habitué du fait, le chef des députés socialistes a brossé un tableau poignant sur la situation des clandestins en France, avant de terminer son intervention par une question inquisitrice : « Parlez-vous de ces jeunes migrants en apprentissage, comme la jeune Liri à Rouen ? De ces femmes et hommes qui travaillent dans nos cuisines, sur nos chantiers, dans nos hôpitaux ? Ces vies arrachées à leur pays par la misère ou la guerre ? (…) Monsieur le Premier ministre, maintenez-vous ce mot ? »
"le mot submersion est adapté"
« Quiconque a parlé avec les habitants de Mayotte sait que le mot ‘submersion’ est, malheureusement, le plus adapté. Ce département fait face à des vagues d’immigration représentant 25 % de sa population. Qui peut dire que ce n’est pas vrai ? »
En pointant l’origine des flux migratoires — « misère, guerre, changement climatique » —, Bayrou a appelé à renforcer l’intégration tout en taclant les excès des deux côtés : « Ni exagérer les réalités, ni les nier. C’est notre devoir républicain d’apporter des réponses concrètes. »
"Gouverner avec les préjugés de l’extrême droite, c’est finir gouverné par elle"
Visiblement consterné, Boris Vallaud a répliqué en citant Rousseau : « Gouverner avec les préjugés de l’extrême droite, c’est finir gouverné par elle. Vous en serez le complice. »
« Les préjugés sont nourris par le réel. Ceux qui transforment ces sujets en outils d’affrontement trahissent notre mission », continue d’assumer Bayrou.
"Vous nous faites honte !"
« Je vous le demande, excusez-vous. Vous nous faites honte ! » La députée écologiste Cyrielle Chatelain a rejoint les huées en s’attaquant au choix des mots : « Vous avez jeté en pâture à l’extrême droite toutes celles et ceux nés hors de nos frontières mais vivant avec nous. »
« Quand vous prétendez que vos propos sont fondés sur le réel, ce ne sont que fantasmes », a-t-elle fustigé.
"Le Premier ministre n’est ni psychiatre, ni prêtre"
En réponse, le Premier ministre s’est défendu sans agressivité : « La France n’est pas en panne à cause des immigrés, mais des difficultés à répondre aux problèmes du travail et de l’intégration. »
Il a justifié son choix de mots : « À Mayotte, les réalités sont accablantes. Les nier ne fait qu’accentuer le désespoir des habitants. »
Peut-être, mais comme l’a ironiquement rappelé la présidente du groupe RN, Marine Le Pen, sur l’immigration : « Le Premier ministre n’est ni psychiatre, ni prêtre, sa parole ne guérit pas. »
Mais pour l’instant, il faut lui reconnaître qu’à l’instar de ses prédécesseurs, il excelle dans l’art du sentiment de constat.
2 commentaires
vert10
La gauche sera en pls , en mai prochain une initiative privée organisera en italie un congrès sur le thème de la remigration. Avec des universitaires et politiciens etc
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