Société
Fin de vie : en scindant le projet de loi, Bayrou contourne l’entourloupe
L’approche contraste nettement avec le projet initial, présenté avant la dissolution. Ce dernier envisageait une réforme globale, intégrant à la fois l’amélioration des soins palliatifs et la légalisation de l’euthanasie, sans dissocier les deux aspects.
Ceux qui considèrent l’euthanasie comme un soin
Sur cette question, deux visions s’opposent. Certains estiment qu’il est primordial de rendre les soins palliatifs accessibles à tous avant de légaliser l’euthanasie. Ces soins sont destinés aux personnes atteintes de maladies graves, évolutives ou en fin de vie. Ils visent à soulager la douleur et à améliorer le confort des patients.
Or, actuellement, 50 % des soins palliatifs ne sont pas correctement couverts sur le territoire, et 21 départements en sont totalement dépourvus. Pour remédier à cette situation, le gouvernement propose un plan de financement sur 10 ans.
À l’inverse, d’autres considèrent l’aide médicale à mourir comme un droit fondamental, voire une forme de soin à part entière, permettant d’alléger les souffrances des patients en fin de vie.
Le piège du projet de loi
C’est dans cette logique que la lettre du projet initial regroupe, d’une part, l’amélioration de l’accès aux soins palliatifs et, d’autre part, la légalisation de l’euthanasie. En incluant les deux sujets dans la même loi, le parlementaire en faveur du développement des soins palliatifs n’a pas d’autre choix que de voter pour la légalisation de l’euthanasie.
En séparant les deux débats, la nouvelle approche promue par François Bayrou permet de clarifier les positions. Ceux qui soutiennent le développement des soins palliatifs sans être favorables à l’euthanasie ne seront plus contraints de renoncer à leur vote.
Levée de boucliers
Mais la proposition est loin de faire l’unanimité, jusque dans le propre camp de la minorité présidentielle. L’ancienne Première ministre Élisabeth Borne et la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, expriment publiquement leur opposition à cette scission dans une tribune publiée dans Le Parisien.
« Dissocier les soins palliatifs de l’aide médicalisée active à mourir serait une erreur », affirme cette dernière, ajoutant : « L’aide médicalisée active à mourir est une forme ultime de soin palliatif, dans la continuité des soins déjà prodigués. »
Le chef du gouvernement fait aussi face à des critiques au sein même de son parti. Olivier Falorni, député MoDem et rapporteur du texte, l’a exhorté à mettre de côté ses convictions religieuses personnelles dans ce débat.
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