Société
Tabassée devant son lycée, son agression filmée et diffusée sur les réseaux : le calvaire d’une lycéenne après une plainte pour viol contre son ex-petit ami
Un lynchage en pleine rue, sous les yeux de témoins passifs. Célia*, 17 ans, a été attaquée à la sortie de son lycée à Beauvais (Oise) par un groupe de mineures. Son tort ? Avoir eu le courage de porter plainte pour viol contre son ex-petit ami. En représailles, elle a été frappée, humiliée, et la scène a été filmée avant d’être diffusée sur les réseaux sociaux. Depuis, la lycéenne vit dans la peur et a dû abandonner les cours.
Un passage à tabac d’une extrême brutalité
Le 9 janvier dernier, en fin d’après-midi, Célia quitte le lycée catholique privé Saint-Vincent-de-Paul. Mais à quelques pas de l’établissement, elle est encerclée par plusieurs adolescentes. Le piège se referme. En quelques secondes, elle est jetée à terre.
Une trentaine de coups de pied et de poing s’abattent sur elle. Visage, tête, corps : tout y passe. L’une des agresseuses filme la scène tout en participant au lynchage. La vidéo, insoutenable, se retrouve sur Snapchat et Telegram. Elle témoigne : « Je n’ai pas peur d’aller au lycée. Mais j’ai peur de les recroiser devant et de me refaire choper. ».
La violence est telle que la lycéenne est transportée à l’hôpital de Beauvais. Son poignet est blessé et elle souffre de douleurs crâniennes. Un médecin lui délivre deux jours d’ITT. Mais le plus éprouvant reste l'impact psychologique.
« La vidéo de mon agression tourne toujours aujourd’hui. Depuis, j’ai du mal à dormir. Les images défilent encore dans ma tête. », confie la jeune fille.
”
Une vengeance après une plainte pour viol
Pour son père, Christophe, cette agression est une expédition punitive. En novembre 2024, sa fille avait déposé plainte contre son ex-petit ami, l’accusant de l’avoir violée.
« Elles n’ont pas apprécié qu’on dépose plainte et font pression pour qu’on la retire. »
”
Les agresseuses seraient des proches, directes ou indirectes, du suspect. Une mise sous silence brutale, pour faire plier la victime.
« Même si on retirait notre plainte, je pense que les violences continueraient toujours. », témoigne son père auprès d’Actu Oise.
”
Traquée, menacée : elle abandonne l’école
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Quatre jours plus tard, le 13 janvier, Célia est de nouveau menacée. Cette fois, une dizaine de personnes l’encerclent à la gare routière de Beauvais. Par peur, elle cesse de se rendre au lycée.
« Elle ne pourra pas réussir son diplôme », déplore son père.
Il dénonce une spirale infernale de violences.
« C’est devenu un acharnement. Je veux simplement protéger ma gamine, parce que ça aurait pu être bien pire. Heureusement qu’elle a pu protéger sa tête. »
”
Malgré les plaintes déposées pour violences en réunion et menaces, la famille se sent abandonnée. « Personne ne bouge. Ce que je souhaite, c’est que la justice fasse son travail. Que ces filles soient calmées. J’en suis à voir si ma fille peut changer de lycée… », s’indigne Christophe.
Les agresseuses en garde à vue, mais un sentiment d’impunité
Le 22 janvier, la police interpelle quatre adolescentes impliquées. Placées en garde à vue, elles reconnaissent les faits et la diffusion des images. Elles seront jugées par un juge des enfants entre février et mai 2025.
L’établissement assure qu’il reste ouvert jusqu’à 17h45 pour permettre aux élèves d’attendre leur transport en sécurité et qu’aucune des agresseuses ne serait élève dans ce lycée. Aujourd’hui encore, la jeune fille reste sous la menace de ses agresseurs et ne peut circuler à Beauvais sans craindre une nouvelle attaque.
À lire aussi : Paris (13e) : un migrant clandestin algérien arrêté pour un viol sur une femme autiste qui venait de faire un malaise
Aucun commentaire
Chargement