Politique
Niche parlementaire du RN : la gauche piégée sur la réforme des retraites
Le Rassemblement national a présenté, le 25 septembre, ses propositions de loi qu’il veut « consensuelles » pour sa journée parlementaire du 31 octobre, centrées sur les retraites, la sécurité et l’énergie.
Retraites, exonération d’impôt, peines plancher, expulsion des étrangers, Mercosur… Avec cette série de propositions, le RN poursuit sa tentative de se positionner comme une force responsable plutôt qu’un acteur partisan clivant. Ce faisant, il tend également un piège au reste de l’opposition.
Le RN pose le piège des querelles partisanes
Dès le début de la conférence de presse, Jean-Philippe Tanguy affirme : « Ces textes relèvent vraiment d’enjeux majeurs pour les Français, et ils sont tous susceptibles d’obtenir une majorité de votes de parlementaires s’ils votaient fidèlement à leur programme, ou peut-être un jour, à leur conscience ».
Derrière cette déclaration, le parti aux 11 millions d’électeurs soumet le reste de l’hémicycle à un défi de cohérence. Il pousse les autres formations politiques à montrer s’ils sont capables de dépasser les querelles partisanes dans l’intérêt des Français. L’épreuve de vérité se jouera pour le Nouveau Front Populaire sur la réforme des retraites, et pour le reste de la droite, sur les propositions sécuritaires.
Réforme des retraites, le Nouveau Front Populaire défié par le RN
Portée par Thomas Ménagé, cette proposition vise à abroger les « pires dispositions » de la réforme des retraites votée en 2023, qui, selon lui, pénalise « plus spécifiquement ceux qui travaillent dur, qui ont un métier pénible, qui commencent tôt, qui ont une carrière hachée, et notamment les femmes ».
Le texte propose de revenir à un départ à la retraite à 62 ans, avec 42 annuités de cotisation. Son adoption « sera bien entendu un moment de vérité pour le Nouveau Front Populaire », précise le député du Loiret.
Abrogation de la réforme des retraites : “Nous invitons chacun à être en cohérence avec les engagements qu’ils ont pris devant leurs électeurs, notamment nos collègues du Nouveau Front populaire”, pointe @Thomas_Mng.#DirectAN pic.twitter.com/ETx9bCB1l2
— LCP (@LCP) September 25, 2024
Retour des peines plancher
Pascale Bordes, quant à elle, défend la réinstauration des peines-plancher. En rappelant le décès tragique du gendarme Éric Comyn dans les Alpes-Maritimes, elle plaide pour le rétablissement de peines minimales obligatoires pour les auteurs d’agressions contre les forces de l’ordre, le personnel éducatif, les soignants, ainsi que pour les trafiquants de stupéfiants.
Son objectif est clair : « rétablir l’ordre », à l’instar du nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, et redonner aux Français confiance dans une justice trop laxiste.
Expulsion des étrangers dangereux
Edwige Diaz s’attaque, elle, à un sujet brûlant : l’expulsion des étrangers constituant une menace grave pour l’ordre public. Sa proposition de loi vise à lever les obstacles juridiques qui freinent leur expulsion. Pour elle, le constat est sans équivoque : « La double peine ne doit plus s’appliquer aux Français, elle doit désormais s’appliquer aux étrangers ».
La députée rappelle, dans le contexte du meurtre de la jeune Philippine, que « 85 % des Français soutiennent cette mesure », alors que moins de 10 % des OQTF sont effectivement exécutées.
Le RN parle énergie, santé et agriculture
Ensuite, Frédéric Falcon propose l’allégement des obligations liées aux diagnostics de performance énergétique (DPE), jugées trop lourdes. Sa proposition de réduction des contraintes énergétiques sur l’offre locative vise à assouplir ces exigences, accusées de freiner le marché locatif.
Dans la même logique, Mathias Renaud défend l’exonération d’impôt pour les soignants cumulant emploi et retraite, afin de retenir les professionnels de santé dans les zones rurales où les besoins sont criants.
Nicolas Maisonnet, de son côté, propose la modernisation des barrages hydroélectriques. Il entend verrouiller leur accès à la concurrence européenne, afin de préserver une ressource stratégique pour la souveraineté énergétique du pays.
Enfin, Hélène Laporte monte au créneau pour défendre les agriculteurs français. Elle appelle au rejet de l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur, dénonçant une concurrence déloyale qui menace de fragiliser un secteur déjà exsangue.
En somme, cette journée de niche parlementaire va confronter les oppositions, de droite comme de gauche, à un choix cornélien : voter avec le RN ou risquer de paraître déconnectées des attentes des Français. Le 31 octobre sera donc un véritable test pour l’ensemble de l’Hémicycle.
À lire aussi : Rassemblement national : de la contestation à l’adhésion
Aucun commentaire
Loading