Marcel Ciolacu, premier ministre pro-européen et chef de file des sociaux-démocrates, est relégué à une inattendue troisième place, avec 19,16 % des suffrages. Il se retrouve devancé de justesse par Elena Lasconi, candidate de centre droit, qui obtient 18,84 %. Si la tendance se confirme, cette ancienne journaliste de 52 ans affrontera Georgescu au second tour prévu le 8 décembre.
Roumanie : une poussée antisystème sans précédent
La percée de Calin Georgescu s’inscrit dans un contexte de rejet croissant des élites traditionnelles et de montée des mouvements ultra-conservateurs en Europe. Ce premier tour a également vu George Simion, chef de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), se positionner en quatrième place avec 13,94 %. Grand admirateur de Donald Trump, il a déjà salué la qualification du candidat indépendant, qualifiant cette avancée de victoire pour les souverainistes.
Pour un pays qui a historiquement été hostile aux discours nationalistes, contrairement à ses voisins hongrois ou slovaques, cette élection marque une forme de tournant. Après dix ans de présidence de Klaus Iohannis, pro-Kiev mais critiqué pour son train de vie dispendieux, la Roumanie semble exprimer un ras-le-bol généralisé. Ce nouveau candidat pro-russe, qui affirme que « le peuple roumain a crié pour la paix » en Ukraine, a réussi à capitaliser sur une population divisée par la guerre à sa frontière et des incertitudes économiques croissantes.
Un enjeu stratégique pour l’Europe de l’Est
La Roumanie, bordée par la mer Noire et partageant 650 km de frontière avec l’Ukraine, occupe une position clé dans la stratégie de l’OTAN. Avec plus de 5 000 soldats de l’Alliance sur son territoire et un rôle vital dans le transit des céréales ukrainiennes, le pays est un pilier dans la région. Une victoire d’un candidat prorusse au second tour pourrait redéfinir les rapports de force dans cette zone stratégique.
Cette élection met aussi à mal les sociaux-démocrates, héritiers du parti communiste, qui dominent la vie politique roumaine depuis plus de trente ans. Leur échec à maintenir leur base électorale pourrait rebattre les cartes à l’approche des législatives prévues le 1er décembre, une semaine seulement avant le second tour décisif.
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