Société
Narcotrafic à Marseille : face un marché trop concurrentiel, les dealers passent au haut de gamme
Face à un marché saturé, le narcotrafic se transforme à Marseille : produits haut de gamme, effets intensifiés et narco-marketing numérique redessinent les règles du jeu.
À Marseille, face à une concurrence acharnée et à un marché saturé, une nouvelle tendance émerge : la montée en gamme des produits stupéfiants. Fini les sachets sans âme vendus à la va-vite, place à des produits « premium », soigneusement calibrés pour séduire une clientèle exigeante. Une mutation qui bouleverse les codes du trafic de drogue en France.
À Marseille, le cannabis monte en gamme
Marseille, symbole du narcotrafic français, est le théâtre d’une véritable guerre commerciale. Avec plus de 100 points de revente recensés, les prix du cannabis chutent, submergés par une surabondance d’offre et une concurrence sans merci. C’est ce qui pousse les réseaux à innover et à diversifier leurs produits.
Parmi ces innovations, les enquêteurs ont repéré un produit venu d’Espagne, vendu sur Telegram, et apprécié pour sa puissance psychotrope. Selon l’Ofast, ce produit peut être consommé, notamment avec « des vapoteurs ou avec une pipe ». Contrairement au haschich classique, ce dérivé ne contient pas de solvants chimiques, ce qui renforce sa popularité ainsi que son intensité. Mais cette qualité a un coût : jusqu’à 1 500 euros pour 50 grammes, soit dix fois le prix du haschich traditionnel.
Une concurrence féroce, des violences exacerbées
Les tensions liées au contrôle des points de deal engendrent une hausse des violences. Règlements de comptes, intimidations, et meurtres rythment la vie des quartiers marseillais. Depuis le début de l’année, 17 « narcomicides » ont été recensés, un chiffre en baisse par rapport au record de 49 morts en 2023.
Cette violence est exacerbée par les nombreuses opérations policières, comme les actions « Place nette », qui ciblent les points de vente traditionnels. Ces interventions, bien que salutaires, fragilisent le marché de rue sans pour autant l’anéantir. Confrontés à cette pression, « les trafiquants ont progressivement transféré une partie de leur activité sur les réseaux sociaux, notamment par le biais de la messagerie cryptée Telegram, développant ainsi un véritable narco-marketing numérique », précise la note des renseignements territoriaux.
Narco-marketing et réseaux sociaux : le trafic à l’ère numérique
Une des principales réponses des trafiquants à la répression policière est l’investissement dans le numérique. Telegram, bien qu’historiquement privilégié par les réseaux, est progressivement abandonné au profit de nouvelles plateformes comme Potato Chat ou SimpleX. Ces applications offrent un cryptage avancé et une confidentialité accrue, permettant de contourner les efforts des autorités. Cette dernière application séduit les criminels en raison de sa capacité à « proposer notamment un cryptage de bout en bout sans nécessité de s’authentifier préalablement par une adresse mail ou un numéro de téléphone », comme le rapporte France Info.
Marseille, théâtre d’une bataille cruciale face à un trafic en pleine mutation
La montée en gamme du cannabis illégal à Marseille incarne une transformation radicale du trafic, où la sophistication des produits et des méthodes rivalise avec l’ampleur des enjeux sécuritaires, économiques et sociaux. Face à cette mutation, les autorités sont confrontées à un dilemme crucial : s’adapter ou continuer une répression qui peine à enrayer le phénomène.
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