Politique
La France et la Pologne s’unissent contre le Mercosur
Ce 26 novembre, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, a annoncé une nouvelle étape dans l’opposition à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. La Pologne rejoint désormais la France contre la ratification du traité de libre-échange.
Ce 26 novembre, l’Assemblée nationale est en train de voter une motion de défiance contre le Mercosur. Le Parlement veut montrer sa détermination dans la lutte pour préserver les intérêts agricoles européens. « Ne jetez pas l’allumette dans le baril de poudre », a déclaré Annie Genevard, appelant à éviter un choc économique et social qui pourrait fracturer l’Europe entre ses institutions bruxelloises et ses campagnes.
La ministre a souligné que les préoccupations de la France concernant l’impact de cet accord ne sont pas isolées. « L’absence de garanties sérieuses pour nos agriculteurs, notre sécurité alimentaire, notre souveraineté et notre environnement suscite des inquiétudes bien au-delà de nos frontières », a-t-elle affirmé.
La Pologne, un allié stratégique
Lors de son intervention, Annie Genevard a salué la décision de la Pologne, annoncée ce matin, de s’opposer également à l’accord. « Le Conseil des ministres polonais a voté contre ce texte, et c’est un magnifique signal. Cela montre que nous ne sommes pas seuls dans ce combat. » Ce rapprochement entre Paris et Varsovie illustre une volonté commune de défendre l’agriculture européenne face à un accord perçu comme déséquilibré et risqué.
“Un accord transpartisan contre la signature de l’accord tel que la commission l’envisage aurait une grande force politique”, estime @AnnieGenevard. “L’unité dans la diversité de nos idées politiques, tel est le sens du vote de ce soir”. #DirectAN #Mercosur pic.twitter.com/FEEKDVujmE
— LCP (@LCP) November 26, 2024
Pas de signature du Mercosur « en l’état »
Le gouvernement français, soutenu par plusieurs acteurs agricoles, estime que l’accord Mercosur met en péril non seulement les agriculteurs européens, mais aussi les engagements environnementaux pris dans le cadre des accords de Paris. La déforestation, la concurrence déloyale et les normes sanitaires moins strictes des produits importés sont autant de points de tension évoqués par la ministre. « La France souhaite continuer à coopérer avec les pays du Mercosur, mais pas à n’importe quel prix », a insisté une nouvelle fois la ministre. « Nous voulons une agriculture forte, respectueuse de notre santé et de l’environnement. »
Un front européen contre le Mercosur ? rien n’est encoure joué
Bruxelles sera-t-elle contrainte de revoir sa stratégie pour équilibrer ouverture commerciale et protection des intérêts agricoles ? Si l’alliance entre la France, la Pologne et d’autres pays potentiellement opposés au Mercosur pourrait laisser présager la formation d’un front européen, rien n’est encore joué. Face aux blocages, la Commission européenne pourrait recourir à une manœuvre bien rodée : scinder l’accord. Ce traité ne se limite pas à l’agriculture ; il englobe également des volets transversaux, comme une section stratégique dédiée aux investissements. En divisant le texte, Bruxelles pourrait signer seule la partie commerciale, la plus cruciale, sans avoir besoin de l’approbation des parlements nationaux. Cette méthode, utilisée avec succès pour le CETA en 2016, permettrait d’éviter l’unanimité et d’adopter l’accord à la majorité qualifiée (soutien d’au moins 15 États membres représentant 65 % de la population de l’UE).
Un tel scénario affaiblirait considérablement le droit de veto de pays comme la France. Si le ralliement de la Pologne à l’opposition est un atout, il pourrait ne pas suffire à bloquer le processus. Dans ce contexte, la mobilisation des agriculteurs, des élus nationaux et de l’opinion publique devient plus essentielle que jamais pour influencer les discussions à venir.
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