Politique
Marine Le Pen et le budget 2025 : une opposition ferme au cœur d’une potentielle crise politique
Opposée au budget 2025, Marine Le Pen menace de voter la censure et rejette tout soutien à un gouvernement incluant le Nouveau Front Populaire (NFP), affirmant la constance de sa ligne politique face à une crise institutionnelle imminente.
À l’approche d’un vote crucial sur le budget 2025, Marine Le Pen se distingue par une opposition résolue au gouvernement de Michel Barnier. Par une série de déclarations publiques et deux extraits vidéos diffusés sur X (anciennement Twitter), la présidente du Rassemblement National (RN) a articulé une stratégie claire : rejeter un budget qu’elle juge néfaste pour les classes populaires et moyennes, tout en excluant catégoriquement toute alliance ou soutien à un gouvernement incluant le Nouveau Front Populaire (NFP). Cette posture, à la fois constante et offensive, illustre le rôle central que le RN entend jouer dans la recomposition politique française.
Un budget sous le feu des critiques
Le projet de loi de finances 2025, présenté par le gouvernement, suscite de vives tensions. Avec des mesures comme la hausse des taxes sur l’électricité, l’augmentation du coût des médicaments et des consultations médicales, et des coupes dans divers secteurs publics, le texte a été perçu par une large partie de l’opposition comme un fardeau supplémentaire pour les ménages modestes.
Si le budget reste en l’état, nous l’avons toujours dit, nous voterons la censure.
Nous avons dit la même chose depuis trois mois en exprimant très clairement les éléments qui étaient non négociables. Nous ne renoncerons pas à défendre les Français. pic.twitter.com/3XzHlfFEah
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) November 25, 2024
Dans son premier message, Marine Le Pen rappelle une ligne rouge maintenue depuis plusieurs mois : si le budget reste inchangé, le RN votera la motion de censure contre le gouvernement. « Si le budget reste en état, nous l’avons toujours dit. Enfin, je veux dire, encore une fois, nous ne prenons personne de cours ».
« Nous ne renoncerons pas à défendre les Français », a-t-elle martelé dans son premier message vidéo. Elle souligne également que cette opposition n’est pas nouvelle : « Nous avons dit la même chose depuis trois mois. Nous avons exposé quels étaient pour nous les éléments non négociables. Je crois qu’on est vraiment loyaux dans la démarche politique qui est la nôtre. » En revendiquant ces ajustements, Marine Le Pen entend non seulement critiquer le gouvernement, mais aussi offrir une vision budgétaire qu’elle présente comme plus équitable.
Le Rassemblement National fustige un budget 2025 qu’il considère comme dépourvu de réformes structurelles majeures. Dans sa pétition adressée aux citoyens, le parti dénonce un « refus de baisser la contribution nette de la France à l’Union européenne, de lutter efficacement contre la fraude, ou de remettre en question des dispositifs coûteux et pompes aspirantes de l’immigration, comme l’Aide médicale d’État (AME) ».
Pour le RN, ces omissions reflètent l’immobilisme d’un gouvernement incapable d’agir sur les dépenses les plus contestées. En ciblant la contribution européenne et l’AME, un dispositif offrant des soins gratuits aux étrangers en situation irrégulière, Marine Le Pen entend non seulement critiquer le gouvernement, mais aussi offrir une vision budgétaire qu’elle présente comme plus équitable.
La menace de censure : un pari risqué mais assumé
Cette décision de voter la censure, n’est cependant pas dénuée de risques. Si le budget est rejeté, cela pourrait provoquer une crise institutionnelle majeure. Le gouvernement Michel Barnier a déjà mis en garde contre les conséquences possibles d’une telle décision, évoquant un climat de « chaos » et une paralysie économique. Mais Marine Le Pen balaie ces avertissements d’un revers de main : « Si ce budget ne passe pas, c’est le budget de l’année dernière qui s’appliquera. Il est somme toute moins mauvais que celui-là ».
Le rejet catégorique d’un gouvernement NFP
Marine Le Pen ne se limite pas à critiquer le budget et a menacé de censurer le gouvernement. Dans son deuxième extrait vidéo partagé sur X, elle écarte également toute possibilité de soutenir ou de tolérer un gouvernement incluant le Nouveau Front Populaire. « Ce qui est sûr, c’est que comme nous sommes persévérants et convaincus, nous changeons peu d’avis, en tout cas pas en fonction des circonstances. »
Si le gouvernement est censuré, le président de la République devra à nouveau choisir un Premier ministre.
Comme nous l’avions dit avant même la constitution de ce gouvernement, nous nous opposerions alors à la formation d’un gouvernement issu du NFP. pic.twitter.com/3GthD9vmgV
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) November 25, 2024
Elle insiste sur le fait que ce rejet n’est pas une posture nouvelle : « Nous redisons exactement ce que nous avons dit, avant-même la constitution du dernier gouvernement, c’est-à-dire que nous n’acceptons pas évidemment que le NFP prenne une place qu’il ne mérite pas. » Par cette déclaration, Marine Le Pen met en avant la constance de sa stratégie et la clarté de ses positions. « Tout gouvernement NFP aurait vocation à se trouver contrecarré par le Rassemblement national. Et voilà, encore une fois, nos lignes sont des lignes politiques, elles sont exprimées très clairement, elles sont réitérées, personne n’est pris par surprise. ».
Les scénarios en cas de censure
Le spectre d’une motion de censure plane désormais sur l’Assemblée nationale. Si le gouvernement venait à tomber, plusieurs scénarios se dessineraient. Emmanuel Macron serait ainsi confronté à un choix difficile. Selon la Constitution française, il devra nommer un nouveau Premier ministre. Marine Le Pen insiste sur ce point, pour souligner qu’elle n’a pas à proposer d’alternative directe, mais qu’elle s’opposera à toute solution qui inclurait le NFP.
Cette situation pourrait conduire à une impasse institutionnelle. Faute de consensus au sein de l’Assemblée, une dissolution pourrait s’imposer, entraînant des élections législatives anticipées. Un scénario qui profiterait potentiellement au RN, déjà en quête de renforcer son ancrage parlementaire et de capitaliser sur le mécontentement populaire.
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