Sondage : Une majorité de Français favorables aux quotas d’immigration, mais le débat reste ouvert

Un récent sondage révèle que 68 % des Français sont favorables à l’instauration de quotas d’immigration par métier et par pays. Ce chiffre marque une augmentation notable par rapport à 2022, où seulement 59 % des sondés y étaient favorables. Toutefois, si ce résultat montre un durcissement de l’opinion publique sur la question migratoire, il ne signifie pas pour autant un consensus sur la nécessité d’une immigration régulée, ni sur l'efficacité d'un tel dispositif. 

D’après les résultats détaillés du sondage, les hommes (71 %) sont légèrement plus favorables aux quotas que les femmes (66 %). L’âge joue également un rôle déterminant :

• Les plus de 50 ans sont à 74 % pour cette mesure,
• Les moins de 35 ans se montrent plus divisés, avec seulement 56 % d’avis favorables.

Sans surprise, la répartition selon les sensibilités politiques confirme un écart marqué entre la droite et la gauche :

• 85 % des sympathisants du Rassemblement National et 81 % des Républicains soutiennent les quotas,
• 44 % des électeurs de gauche y sont également favorables,
• 47 % des soutiens de La France Insoumise et du Parti Socialiste y adhèrent,
• Seulement 33 % des sympathisants d’Europe Écologie Les Verts approuvent cette idée.

La question des quotas divise donc au sein même de la gauche, où près d’un sympathisant sur deux se dit favorable à un contrôle accru de l’immigration.

Ce sondage CSA pour CNEWS, Europe 1 et le Journal du Dimanche intervient alors que le Premier ministre François Bayrou a récemment évoqué la nécessité d’un débat sur le droit du sol et dénoncé un "sentiment de submersion migratoire". Un climat qui semble avoir renforcé la demande d’une régulation plus stricte des flux migratoires. Pourtant, la mise en place de quotas n’est pas nécessairement une solution efficace.

Historiquement, les quotas d’immigration ont été évoqués par plusieurs gouvernements sans jamais être réellement appliqués. Sous Nicolas Sarkozy, François Fillon et même Emmanuel Macron, cette idée a été avancée, mais elle s’est souvent heurtée aux réalités juridiques et économiques. En effet :

• Les quotas ne concernent que l’immigration de travail, qui ne représente qu’une part mineure des flux entrants.
• La majorité des entrées légales en France sont liées au regroupement familial et aux demandes d’asile, deux catégories exclues des quotas pour des raisons légales et humanitaires.
• Plus de 70 % des immigrés extra-européens ne sont pas en emploi à leur arrivée, remettant en question l’impact d’une sélection par métier.

En comparaison, le Canada a récemment annoncé une réduction drastique de son immigration, fixant des seuils inférieurs aux prévisions initiales pour stabiliser sa croissance démographique et répondre aux préoccupations des citoyens. Un modèle qui semble aller dans une direction opposée à celle envisagée par certains partisans des quotas en France.

Si ce sondage témoigne d’une volonté de contrôle migratoire plus strict, il ne règle pas la question de la nécessité d’une immigration massive. La France n’est pas seulement confrontée à une question de flux, mais aussi de modèle d’intégration, d’impact économique ou de sécurité.

Alors que plus d’un million d’étrangers sont entrés sur le territoire français en dix ans, il est légitime de s’interroger : faut-il de simples ajustements à l’existant, ou une réforme de fond pour mettre fin à l’immigration massive ? Pour l’instant, le débat reste ouvert.