Société
Tensions entre syndicats du pénitentiaire et de la magistrature après Incarville
Peu après le drame d’Incarville, le torchon brûle entre les secteurs du pénitentiaire et de la magistrature. Les premiers appellent à une réforme pour améliorer la sécurité et les conditions de travail dans les établissements pénitentiaires.
Suite à la publication du communiqué du 21 mai 2024 par l’Association Française des Magistrats Instructeurs (AFMI), l’Union Syndicale des Magistrats (USM) et le Syndicat de la Magistrature (SM), FO Justice a exprimé son “indignation” et a appellé à une réforme pour améliorer la sécurité et les conditions de travail dans les établissements pénitentiaires à la suite de l’attaque du fourgon à Incarville.
Un communiqué controversé en pleine période de deuil post-Incarville
Le communiqué publié le 21 mai 2024 par l’AFMI, l’USM et le SM, qui critique les mesures de sécurité visant à augmenter le recours à la visioconférence et à intensifier les déplacements des magistrats dans les établissements de détention, a suscité une réaction vive de FO Justice. Le syndicat des personnels pénitentiaires dénonce le manque de considération des magistrats, surtout en cette période de deuil. La tuerie d’Incarville a en effet largement souligné les limites de la condition pénitentiaire, en proie à l’augmentation de l’insécurité et des manques de moyens et d’effectifs.
Selon FO Justice, la publication de ce communiqué, alors que les personnels pénitentiaires pleurent encore la perte de plusieurs de leurs collègues et que d’autres soignent leurs blessures, témoigne d’un corporatisme et d’un égocentrisme inappropriés. Le syndicat accuse les magistrats de se préoccuper de leurs propres conditions de travail sans tenir compte du contexte tragique actuel.
Le débat sur l’utilisation de la visioconférence
Le principal point de discorde concerne l’utilisation de la visioconférence. Les magistrats mettent en avant des limitations juridiques, considérant ce dispositif comme une entrave à l’accès au juge pour les justiciables. FO Justice réfute cet argument en soulignant l’acceptation de la visioconférence pendant la pandémie de COVID-19, période durant laquelle la qualité de la justice n’avait pas été remise en cause par ces mêmes représentants.
En outre, les magistrats estiment que les établissements pénitentiaires ne sont pas adaptés à la tenue d’audiences, une affirmation que FO Justice conteste. Le syndicat rappelle que de nombreuses décisions judiciaires sont déjà prises dans ces lieux et qu’un contact direct avec la réalité carcérale pourrait enrichir la perspective des magistrats.
FO Justice a donc appellé à une réforme du fonctionnement judiciaire, prônant une approche pluridisciplinaire et une implication plus directe des magistrats dans les conditions de détention. Le syndicat considère cette réforme comme nécessaire notamment pour améliorer la sécurité des personnels pénitentiaires et pour garantir une justice plus humaine et plus en phase avec les réalités du terrain.
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