Politique
Clash Jordan Bardella vs Charles Consigny : légitimité populaire contre snobisme parisien
Sur le plateau des Grandes Gueules de RMC, Jordan Bardella et Charles Consigny ont croisé le fer dans un échange aussi vif que révélateur.
Sur le plateau des Grandes Gueules de RMC, Jordan Bardella, président du Rassemblement National, et Charles Consigny, avocat et chroniqueur, se sont affrontés dans un échange marqué par des piques acerbes et des invectives personnelles. Si Consigny démarrait tout sourire, il a rapidement fini par sombrer dans de longues justifications.
Un début méprisant : « l’ère des instagrammeurs »
Dès les premières minutes de leur face-à-face, Charles Consigny a adopté un ton condescendant, appuyé par un sourire narquois qui donnait le ton. « Je pense que sous Giscard, on avait en politique des ingénieurs. On avait des types ultra-capés, haut de gamme, et le pays ne se portait pas trop mal », a-t-il lancé avant de continuer : « Et je crains qu’on soit passé à l’ère des Instagrammeurs. Et je pense que Gabriel Attal, vous-même, un certain nombre de personnages politiques d’aujourd’hui sont en réalité des gens qui sont à la politique, ce que Lena Situations est à la mode »
Cette attaque, teintée d’une ironie appuyée, visait à réduire la nouvelle génération de politiques à des figures de communication plus préoccupées par leur image que par leur expertise. Comparer un homme politique élu et responsable à une influenceuse, sous prétexte de sa maîtrise de l’image, relève d’un mépris à peine voilé pour une partie de la classe politique. La critique aurait pu être pertinente si elle ne s’était pas réduite à un cliché facile et à une caricature inutile.
Au-delà de cette comparaison douteuse, l’avocat, s’est empressé de dénigrer l’expérience de son adversaire : « Comment pensez-vous pouvoir gouverner des gens alors que vous n’avez aucune expérience, d’aucune réalité concrète et difficile ? »
L’intention de Consigny semblait claire, attaquer l’âge, le parcours et l’expérience de Bardella, cependant la méthode laisse perplexe. Les ricanements et le ton professoral, loin de crédibiliser ses arguments, ont surtout souligné une posture hautaine. Une posture qui n’a pas tardé à se retourner contre lui.
Bardella : réponse factuelle et rappel de légitimité démocratique
Face à cette attaque, Jordan Bardella a opté pour une réplique factuelle, ramenant la discussion sur le terrain de la légitimité électorale. « Vous, le grand avocat brillant, vous avez fait 12%. Vous avez fini quatrième, vous vous êtes fait sortir. Et ce n’était pas très fameux. Donc, je pense que moi qui ai fait, allez, disons, 32% des voix aux élections européennes et 11 millions de voix lors des élections législatives, peut-être qu’à part vous, il y a des Français qui trouvent un intérêt à ce que je sois dans la vie politique. » Un coup direct, appuyé sur le bilan politique peu reluisant de l’avocat.
Ce rappel des scores respectifs a fait mouche. La contradiction était claire : comment critiquer l’expérience politique de Bardella tout en n’ayant soi-même pas su convaincre lors d’un scrutin ? Consigny, visiblement déstabilisé, n’a alors eu d’autre choix que de s’engager dans une tentative maladroite de justification.
Une déconnexion avec la réalité des Français ?
Un autre point de friction est apparu autour de la question de la réalité « concrète et difficile ». Consigny a insisté sur l’importance d’avoir un lien direct avec les défis vécus par les Français : « Moi, je gère un cabinet. Je gère un cabinet, difficilement. Je vis la vie quotidienne que vivent des milliers de petits patrons de PME en France et d’indépendants en France. » Peut-on réellement comparer la gestion d’un cabinet d’avocat, souvent synonyme de prestige et de stabilité financière, aux combats quotidiens des petits patrons qui luttent pour payer leurs charges, honorer leurs factures et assurer la survie de leur entreprise ?
Jordan Bardella n’a pas laissé passer l’occasion de souligner cette déconnexion : « Je pense que vous êtes un peu déconnecté de ce que vivent les Français et que vous ne comprenez pas qu’il y a beaucoup de gens qui ne vivent peut-être pas dans le petit confort dans lequel vous vivez. »
Monsieur « Je sais tout » a cru bon de faire le malin face à Jordan Bardella, sur RMC.
Mais comme disait Chirac, « il a raté une belle occasion de se taire ».
Vous n’êtes pas prêt du tout à voir Jordan détruire en quelques secondes le petit Charles Consigny 🤣! pic.twitter.com/NYXRBZr11o
— Matthieu Valet (@mvalet_officiel) November 21, 2024
Charles Consigny, a ensuite lancé une pique personnelle : « Si vous aviez été au bout de vos études, vous auriez peut-être eu un métier comme le mien. »
Cette remarque, bien que formulée rapidement, porte un sous-entendu plus profond. Elle évoque une vision élitiste où la compétence en politique serait directement liée au diplôme ou à la profession exercée. Mais cette posture soulève inévitablement une question : les dirigeants, pour la plupart issus des grandes écoles et des cercles universitaires prestigieux, ont-ils toujours garanti la réussite du pays ?
Jordan Bardella et la contradiction des réseaux sociaux
La tension est montée d’un cran lorsque Jordan Bardella a pris Consigny au mot sur ses accusations d’”Instagrammeur”. « D’ailleurs, je me souviens que pendant les élections législatives, j’avais débattu avec Monsieur Consigny et qu’il me courait derrière dans les loges pour m’implorer de faire des photos avec ses collaborateurs. Vous vous en souvenez, Monsieur Consigny ? Vous ne me preniez pas pour un Instagrammeur à l’époque. C’est vous qui vouliez mettre la photo sur Instagram, Monsieur Consigny. » Charles Consigny a aussitôt nié en bloc.
Cette réplique a mis à nu l’hypocrisie de Charles Consigny. L’homme qui dénonçait la politique de l’image ne semblait pas s’en priver lorsqu’il s’agissait de profiter de l’aura médiatique de son adversaire.
Du sourire à la justification
Si Consigny espérait s’imposer face à Jordan Bardella, force est de constater qu’il a surtout révélé un talent certain pour la suffisance. Au fil de l’échange, la dynamique s’est inversée. Initialement confiant et souriant, il s’est progressivement retrouvé à répondre à des accusations qui mettaient en cause sa propre légitimité. En s’enlisant dans des comparaisons hasardeuses (Lena Situations, Netflix) et des critiques élitistes, Consigny a échoué à convaincre sur le fond.
Bardella, de son côté, a su transformer ces provocations en un exercice de communication politique efficace. À travers des réponses factuelles et une répartie maîtrisée, il a rappelé que le véritable juge de son action politique n’est ni un avocat ricanant, ni les journalistes, mais bien les Français. « Les juges ne sont pas les journalistes ou les observateurs de plateaux télé, mais ce sont les Français, » a-t-il martelé. Consigny aurait sans doute intérêt à méditer cette leçon avant de s’aventurer à nouveau sur le terrain des Grandes Gueules.
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