Marine Le Pen et la droite

La stratégie de MArine Le Pen a longtemps été critiquée au sein de la droite conservatrice classique. « Pourquoi ne dit-elle pas qu’elle est de droite ? Pourquoi ne veut-elle pas faire l’union des droites  ?  » pouvait-on souvent entendre au sein de ce courant. Si ce choix de ne pas se ranger dans cette grande famille politique – qui a parfois eu pour conséquence de la voir qualifiée de « socialiste » par certains – a été et est encore incompréhensible pour beaucoup, force est de constater que Marine Le Pen avait compris quelque chose de majeur avant tout le monde.

Ce « quelque chose », c’est la « désidéologisation avancée », pour reprendre les termes de Jean-Yves Camus, de la France. Ces cinquante dernières années, la disparition des structures traditionnelles, parmi lesquelles on peut ranger les partis politiques, a entraîné une perte du sentiment d’appartenance à la droite, à la gauche ou même à leurs sensibilités internes.

Ce qui prime aujourd’hui, ce ne sont plus tant les valeurs que l’adaptation au « réel » que l’on peine d’ailleurs tant à définir. Marine Le Pen comme Emmanuel Macron l’ont interprété chacun à leur manière, mais tous deux l’avaient vu avant les autres. Marchant au milieu des ruines laissées par quarante ans de gouvernement « UMPS », ils ont su tirer un profit politique du chaos général en proposant des solutions nouvelles, non-idéologiques.

Alors, c’est à qui deviendra le camp de l’ordre. Depuis 2017, le camp macroniste doit principalement ses victoires à sa position de « rempart face à la barbarie ». Cependant, l’impopularité record du Président de la République et l’absence de solutions face à la chute libre de la qualité de vie en France sur tous les plans placent le RN en seul pourvoyeur d’alternatives.

Il serait faux de dire que Marine Le Pen n’est pas de droite. Il serait plus juste d’affirmer qu’elle n’est pas que de droite.

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