🇺🇸 Élections américaines
Donald Trump : 5 enseignements pour la droite française
La victoire de Donald Trump incarne l’échec cuisant des médias français. Durant des mois, comme nous l’avions prédit lors de notre précédent numéro sur Trump, cette presse s’est engagée dans une opération de propagande inédite contre le candidat républicain et n’a pas su voir la poussée incontestable de son électorat.
En 2016, Donald Trump avait été perçu comme un accident de l’histoire : personne ne l’avait vu venir et c’est précisément ce qui avait, selon les observateurs, permis au 45e président des États-Unis d’être élu. Quatre ans plus tard, il était balayé après un mandat chaotique et les Américains avaient retrouvé leurs esprits. Mais cette vision réductrice leur avait fait manquer l’essentiel : Donald Trump correspond à une transformation profonde de la société américaine. Après sa réélection, quelles leçons pouvons-nous en tirer en tant que Français ?
1. L’enjeu démographique et électoral
La grande inquiétude du parti Républicain était de littéralement disparaître d’ici à quelques années. En effet, à l’horizon 2050, la population hispanique sera plus importante aux USA que les Américains de souche. Pour beaucoup, cette élection pouvait être leur dernière chance de l’emporter. Finalement, alors que seulement 26 % des Latinos avaient voté pour Donald Trump en 2016, près de 45 % lui ont accordé leur suffrage en 2024. En cause, le bon souvenir des années économiques sous l’ère Trump, la dérive wokiste au sein des Démocrates et enfin l’inquiétude d’une immigration incontrôlée alors que beaucoup d’entre eux étaient entrés aux USA légalement. Cette donnée prouve ainsi que contrairement à ce qu’on peut imaginer, cette partie de l’électorat qui semble acquis à la gauche peut basculer en partie à droite, et ce sans pour autant tenir un discours victimaire et électoraliste.
2. La perte progressive de l’influence déterminante des grands médias au profit des réseaux sociaux
Selon une étude, 85 % des trois plus grandes chaînes de télévision hors Fox News avaient une couverture négative de Donald Trump et pour autant, ce dernier a largement remporté l’élection avec 312 grands électeurs et le vote populaire avec près de cinq millions de voix d’avance. Le soir de l’élection, Elon Musk tweetait « vous êtes les médias ». Contrairement à ce qu’on peut imaginer en France, même les grandes chaînes d’informations en continu conservatrices comme Fox News avaient un soutien modéré à l’égard de Trump qui les a maintes fois critiqués.
3. La capacité à démobiliser le camp d’en face et ne pas mobiliser contre soi, surtout en période de crise
Derrière la victoire écrasante de Donald Trump, il faut aussi souligner une perte de dix millions de voix par rapport à 2020. Dans les faits, le candidat républicain avait déjà fait progresser significativement le nombre de ses électeurs en 2020, à des proportions considérables. Mais cela n’avait pas suffi car la mobilisation de 66 % (contre 60 % cette année, la moyenne habituelle des élections) en raison de la crise Covid mais également d’un vote sanction contre Trump avait apporté d’immenses bataillons de voix pour Biden. Cette fois-ci, Trump a consolidé son électorat et l’a fait progresser de 400 000 voix quand Kamala Harris en a perdu. Elle n’a pas su mobiliser contre Trump ni convaincre sur sa personne. L’enjeu est donc à la fois de consolider son électorat mais d’éviter la mobilisation de celui de l’adversaire.
4. La force d’une campagne dynamique, naturelle et sincère
La force de la campagne de Donald Trump fut d’être dynamique avec parfois trois meetings par jour, bien plus que chez Kamala Harris, assez classique – face aux appels de stars hollywoodiennes qui ont été contre-productifs – et cash avec un Donald Trump qui n’a pas évité les interviews et a su suivre son instinct comme lors de la visite d’un McDo. Au contraire, Kamala Harris a trop cherché à segmenter ses interventions, les rendant ainsi insincères et sans matière. La rencontre d’un homme et du peuple reste la valeur prédominante d’une fin de campagne.
5. La transformation idéologique d’un camp
Depuis 2016, Donald Trump a cherché à opérer une transformation profonde de l’idéologie du parti Républicain aujourd’hui pleinement arrivée à maturation. Le nouveau président des États-Unis a su transformer le GOP en une machine opposée au libre-échange et à l’interventionnisme, s’adaptant aux nouvelles réalités de la mondialisation, et conserver voire renforcer son assise auprès des ouvriers pour autant effrayer Wall Street et la Silicon Valley. C’est l’autre enseignement de cette campagne : la réconciliation du progrès et de la défense des plus précaires, avec un Elon Musk qui sait pertinemment que s’il veut accomplir son rêve d’aller un jour sur Mars, il doit pouvoir compter sur une industrie forte et indépendante.
Tous ces enseignements doivent inspirer la droite française, au-delà du caractère clivant de Donald Trump. Ne pas hésiter à se réinventer, savoir allier les classes populaires et une certaine bourgeoisie patriote, ne pas craindre outre mesure le facteur démographique en cherchant à convaincre les immigrés de la première génération sans pour autant se renier, et cesser d’être dépendant du qu’en dira-t-on des médias.
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