Politique
L'ancien Premier ministre Manuel Valls rémunéré 30 000 euros par le royaume du Bahreïn
Après avoir échoué à relancer sa carrière politique en France en 2022, Manuel Valls s'illustre désormais sur la scène internationale. D'après des informations de Mediapart, l'ancien Premier ministre a été recruté à l'été 2024 comme consultant pour le royaume du Bahreïn. Il a participé, entre le 22 et le 24 juillet, à une mission lucrative de trois jours dans la capitale Manama, pour laquelle il aurait perçu 30 000 euros. Ce déplacement s'inscrit dans un contrat orchestré par Philippe Feitussi, avocat et figure centrale des efforts bahreïnis pour défendre leurs intérêts dans un conflit judiciaire complexe avec le Qatar.
Officiellement, Manuel Valls avait pour mission d'expliquer les subtilités de l'indépendance judiciaire française aux autorités locales, dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet national financier (PNF). Cette dernière fait suite aux accusations de corruption portées par des juges de la Cour internationale de justice (CIJ), liées à un arrêt de 2001 ayant favorisé le Qatar dans un différend frontalier.
Une affaire complexe mêlant diplomatie et finances opaques
Au cœur de cette affaire, un contentieux datant de deux décennies oppose Bahreïn et le Qatar. Accusant des magistrats internationaux d'avoir été corrompus, le Bahreïn avait initialement envisagé de déposer une plainte en France avant de suspendre ses démarches en 2023, dans un contexte de rapprochement diplomatique avec Doha. Le dossier a été relancé par l'avocat Philippe Feitussi, avec le soutien du député MoDem Philippe Latombe, qui a effectué plusieurs signalisations au PNF.
Le financement de ces opérations intrigue. Selon Mediapart, les missions, y compris celle de Manuel Valls, ont été prises en charge par Queen Capital International Limited, une société offshore enregistrée à Hong Kong. Philippe Feitussi reste évasif sur l'identité des propriétaires de cette entité, affirmant qu'il s'agit de « sponsors désireux de moraliser les institutions internationales ».
Outre Manuel Valls, la délégation comprenait des juristes, un chercheur en géopolitique, et Céline Clément-Pétremann, ancienne communicante du PNF, désormais consultante. Ce dossier complexe mêlant justice, géopolitique et intérêts financiers internationaux place Manuel Valls au cœur d'une polémique, loin de la politique hexagonale.
Une reconversion controversée pour Valls
Cette reconversion de Manuel Valls suscite de nombreuses interrogations. En acceptant une mission financée par des canaux opaques, l'ancien Premier ministre se trouve exposé aux critiques concernant son rôle dans un dossier sensible mêlant intérêts étrangers, enquêtes judiciaires et lobbying international.
Les observateurs dénoncent également son manque d'expertise spécifique dans ces problématiques complexes. « Manuel Valls devient l'instrument d'un conflit régional où la justice est utilisée comme un outil de stratégie diplomatique », estime un analyste en relations internationales.
Cette nouvelle étape de sa carrière soulève plus largement la question de l'éthique des anciens responsables politiques français dans leurs activités post-mandat. Entre opportunisme et diplomatie, la reconversion de Manuel Valls au Bahreïn laisse planer des zones d'ombre sur son véritable rôle et les implications de sa mission pour la transparence et l'intégrité des institutions.
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