Politique
Abrogation du délit d’apologie du terrorisme : « Tout est parti d’un article du magazine Frontières ! », dénonce Ugo Bernalicis
Le 21 novembre dernier, Frontières vous apprenait que le député Ugo Bernalicis, membre du groupe La France insoumise, avait déposé une proposition de loi pour le moins surprenante. Elle vise l’abrogation pure et simple du délit d’apologie du terrorisme, inscrit dans le Code pénal français depuis 2014. « Cela a créé une polémique montée de toutes pièces, basée sur les termes et la grille d’analyse de l’extrême droite », dénonce le député LFI.
« Concernant ma proposition de loi sur ce sujet, il faut dire que je n’ai pas communiqué dessus. On ne peut donc pas me reprocher de ne pas avoir expliqué une proposition que je n’ai pas mise en avant moi-même. Tout est parti d’un article du magazine Frontières — un média d’extrême droite. L’information a ensuite été reprise par des chaînes comme CNews et relayée dans des cercles proches du Printemps républicain. Cela a créé une polémique montée de toutes pièces, basée sur les termes et la grille d’analyse de l’extrême droite. À partir de là, certains ont caricaturé en disant : “Ils sont fous ces Insoumis”. »
Délit d’apologie du terrorisme dans le Code pénal : “Il y a un problème de fond (…) y compris dans la loi de 1981, mais elle est moins répressive, donc ce n’est pas la même ampleur”, dit @Ugobernalicis avant de pointer le rôle @Frontieresmedia dans la polémique. #Légistream pic.twitter.com/TLlYkbC8ab
— LCP (@LCP) November 27, 2024
Une polémique montée de toutes pièces par l’extrême-droite ?
Est-ce vraiment le cas ? Le 21 novembre, une journaliste de notre rédaction a découvert que ce projet de loi avait été déposé deux jours auparavant. L’information est publique et accessible à tous sur le portail de l’Assemblée nationale. Cette information aurait-elle été déformée par un quelconque biais ? Notre rédaction, au contraire, a choisi de rédiger un article très descriptif, expliquant les raisons pour lesquelles ce texte a été déposé.
Effectivement, la proposition de loi d’Ugo Bernalicis prévoit d’abroger purement et simplement le délit d’apologie du terrorisme pour revenir aux dispositions de la loi sur la presse de 1881, qui régissait les abus de liberté d’expression. Une situation semblable à celle d’avant les attentats du Bataclan, où ce délit était sanctionné moins sévèrement, alors même que deux membres de son groupe sont actuellement visés par ce chef d’accusation.
La responsabilité du contenu de ce projet de loi n’incombe pas à Frontières
Si le groupe parlementaire critique les dérives du délit d’apologie du terrorisme — car avant 2014 « on ne venait pas vous arrêter à 6 heures du matin chez vous, en sous-vêtements, comme cela a été le cas pour un responsable départemental de la CGT du Nord » —, ce même délit permet également de déjouer des projets d’attentats terroristes. Face à cette dualité, plutôt que de chercher à mieux encadrer cette disposition légale, La France insoumise (LFI) propose son abrogation totale du Code pénal.
La responsabilité du contenu de ce projet de loi n’incombe donc pas à Frontières. Elle appartient au débat démocratique et à tous les citoyens français, qui doivent s’en saisir pour évaluer les implications de cette proposition. En revanche, si le député Insoumis qualifie le débat démocratique de « récupération d’extrême droite », cela relève de sa seule responsabilité.
A lire aussi : Pourquoi l’apologie du terrorisme est-elle devenue une affaire pénale ?
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