Ce qui n’était qu’un prétexte pour justifier deux jours d’exclusion scolaire s’est alors transformé en tragédie. Z., alors âgée de 13 ans, avait menti à ses parents, affirmant que Samuel Paty avait montré des caricatures offensantes à ses élèves. Son père, Brahim Chnina, rapidement rejoint par l’activiste islamiste Abdelhakim Sefrioui, avait amplifié ces accusations sur les réseaux sociaux.
« Je me suis dit que quelqu’un allait m’arrêter dans mon mensonge, mais personne ne l’a fait », a confié la jeune fille devant la cour. Dépassée par ses propres inventions, elle s’est obstinée à mentir, même après l’assassinat de son professeur. Ce n’est qu’après trente heures de garde à vue qu’elle a enfin avoué la vérité.
Mort de Samuel Paty : une plaidoirie entre remords et loyauté
À la barre, Z. semble calculer chaque mot, tiraillée entre son désir d’expiation et son attachement à son père. Sanglotant, elle a déclaré : « À cause de mon mensonge, on se retrouve tous ici. Je tenais à m’excuser auprès de mon père… En aucun cas, il ne pouvait se dire que ce que je disais était faux. »
Pourtant, son témoignage actuel tranche avec ses précédents aveux. En 2023, elle avait affirmé que son père était responsable de la campagne de haine ayant conduit au meurtre de Samuel Paty. Ce revirement ne manque pas d’interroger, à l’image de Me Virginie Le Roy, avocate de la famille Paty, qui s’étonne : « Aujourd’hui, elle vient nous dire qu’elle est responsable de tout. Il ne faut pas se moquer du monde. »
Un père changé, deux familles brisées
L’échange avec son avocat, Me Frank Berton, révèle un mélange de tristesse et de culpabilité. Invité à regarder son père dans le box, Nina a répondu, la voix chevrotante : « Ça fait quatre, cinq mois que je ne l’ai pas vu… Il a vieilli. » Ces mots, entrecoupés de sanglots, révèlent la fracture irréversible d’une famille brisée par le poids du drame.
À 17 ans, Nina porte encore le poids des erreurs de son enfance. « Aujourd’hui, si une personne doit être condamnée, ce ne sont pas les personnes dans le box mais moi », a-t-elle lancé. Mais la justice, comme les avocats des parties civiles, peine à démêler les responsabilités dans cette affaire où manipulation, naïveté et idéologie s’entrelacent tragiquement.