Société
Dérapage sur France Inter : un agent de l’OFB compare les agriculteurs à des dealers de drogue
L'Office français de la biodiversité (OFB) se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une polémique. Depuis sa création en 2020, cet organisme public dédié à la protection de la biodiversité suscite la colère des agriculteurs, qui le perçoivent comme l’incarnation même d’une réglementation toujours plus oppressante et déconnectée de leurs réalités. D’autant que ses agents sont armés et effectuent des contrôles inopinés dans les exploitations.
Des agriculteurs comparés à des dealers sur les ondes de France Inter
Et avec les déclarations de Benoît Pradal, agent de l’OFB et membre du syndicat Snape-FO, lors de la matinale de France Inter du 15 janvier, les relations entre les deux mondes ne sont pas prêtes de s’améliorer. Invité à réagir au discours de politique générale de François Bayrou, qui, la veille, avait critiqué le rôle de l’organisme public, le syndicaliste a osé une comparaison des plus douteuses : « Nous, aujourd'hui, on a le sentiment que ce que veulent les agriculteurs, c'est qu'on ne mette plus les pieds dans leurs exploitations. Ce serait comme si les dealers demandaient aux policiers de ne plus intervenir dans les cités pour stopper le deal. »
Le parallèle a immédiatement déclenché un tollé parmi les représentants agricoles, scandalisés.
L’OFB s’estime humilié
François Bayrou a ravivé la polémique le 14 janvier lors de son intervention à l’Assemblée. Il a tenu à adresser un mot au monde paysan, en pleine crise, en dénonçant certaines inspections armées dans les fermes, qu’il a qualifiées « d’humiliation et de faute ». Une déclaration qui fait bondir Benoît Pradal. Au micro de France Inter, il dénonce : « L’humiliation, c’est nous qui la subissons ! Ça a commencé avec Gabriel Attal, et ça continue. »
Effectivement, la controverse n’est pas nouvelle. Il l y a près d’un an, Gabriel Attal, alors Premier ministre, avait déjà soulevé la question en déclarant : « Faut-il venir armé pour contrôler une haie ? ». Avec les déclarations récentes de François Bayrou, difficile donc pour l’instant de savoir si le gouvernement envisage de remettre en question cet armement. Les syndicats, eux, alertent : « Attention à ne pas démotiver totalement les agents. »
Le monde agricole réclame des excuses publiques
Mais sur France Inter, on temporise et on tente de clarifier la position du gouvernement. « Le ministère précise que le Premier ministre a voulu envoyer un message politique de soutien aux agriculteurs, tout en affirmant que la circulaire du 3 décembre doit être pleinement appliquée. » Cette circulaire impose un port d’arme discret pour les agents de l’OFB lors des contrôles. Les agriculteurs devraient donc s’estimer heureux.
Ce n’est pourtant pas l’avis de Pierrick Horel, président du syndicat Jeunes Agriculteurs, qui ne décolère pas : « Nous refusons tous les contrôles des agents de l’OFB sur nos exploitations agricoles tant que nous n’aurons pas reçu des excuses publiques des ministères concernés. »
Quant à Céline Imart, eurodéputée du parti Les Républicains et agricultrice de métier, elle a directement pointé la responsabilité de la radio. « France Inter, malheureusement, ne nous surprend toujours pas sur le choix de ses invités », a-t-elle déploré, elle aussi sur X. « On pensait avoir tout vu en termes d’humiliation du monde agricole, mais cet agent de l’OFB arrive encore à nous surprendre. »
Les dérives de l’OFB sont connues
Les Français avaient déjà été sensibilisés aux dérives de l’OFB lors du mouvement de crise agricole de l’année dernière. Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, s’était alors rendu dans une ferme et avait relayé le témoignage ahurissant d’un éleveur : « J’ai été convoqué par la gendarmerie et au tribunal, mis contre un mur, pris en photo comme un délinquant, et j’ai dû payer une amende après un contrôle de l’OFB parce que j’avais fait l’entretien d’un fossé sur mon exploitation. »
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