CNDA : enquête dans les arcanes du droit d'asile

Cour Nationale du Droit d’Asile (CNDA), 35 rue Cuvier à Montreuil. Ce matin-là, je me trouve dans la chambre numéro 40. En examinant le rôle des audiences de 9h à 12h, je note que la chambre est dédiée aux demandeurs d’asile originaires du Bangladesh. 

Les tribunaux de la CNDA face aux récits 

Peu de gens le savent, mais les Bangladais sont actuellement le groupe le plus nombreux parmi les demandeurs d'asile en France. J’écoute attentivement en prenant des notes : «  Monsieur X, originaire du Bangladesh, est menacé par son oncle qui désire s'emparer de son terrain et épouser sa femme. Il a été intimidé par cet oncle et ses acolytes et a subi des traitements inhumains et dégradants. » J'y glisse quelques commentaires du juge : « Monsieur X a du mal à se rappeler les dates précises des sévices subis et des conflits avec son oncle. La temporalité est confuse entre les menaces de l’oncle et le départ vers la France ». L’avocat admet une confusion sur les dates, accepte que le récit ne soit pas clair, mais insiste sur le fait qu'en tant qu'aîné, c'est nécessairement son client qui subira les conséquences de la volonté de son oncle. Je suis confronté à la complexité de ce récit. Cette personne, qui n'apporte aucune preuve tangible des menaces alléguées, ne parle pas français et semble psychologiquement atteinte.  

L’audience se termine pour laisser place au délibéré. Il nous faut évacuer la salle d’audience. Je m'éclipse brièvement dans la salle d’attente et m’assois à côté d’une avocate visiblement enchantée par la performance de son client  : «  Vous avez été formidable ! Bravo ! ». Je regarde autour de moi, la pièce est pleine de demandeurs d’asile venant en majorité de pays africains ou du Maghreb.

A la CNDA, le tiers monde att