Société
EPR de Flamanville : un coût total de 23,7 milliards d’euros pour une « rentabilité médiocre », selon la Cour des comptes
Dans un rapport rendu public ce mardi, la Cour des comptes dresse un bilan cinglant de la filière nucléaire française. Le chantier de l’EPR de Flamanville, enfin opérationnel après douze ans de retard, affiche une facture colossale de 23,7 milliards d’euros, soit sept fois le coût initialement prévu. À cela s’ajoutent les défis liés à la construction de six nouveaux réacteurs EPR2, estimée à près de 80 milliards d’euros.
Initialement budgété à 3,3 milliards d’euros en 2007, le coût de l’EPR de Flamanville a explosé pour atteindre 23,7 milliards d’euros en 2023. L’inflation n’explique qu’une partie de cette envolée. Les retards successifs, les dépassements de coûts de construction, ainsi que les dépenses liées à la préparation du premier arrêt de la centrale ont contribué à alourdir la facture.
La rentabilité de Flamanville 3 est désormais remise en question : pour atteindre un rendement de 4 %, le prix de vente de l’électricité devrait dépasser 122 euros par mégawattheure, bien au-delà des 70 euros fixés dans l’accord signé entre EDF et l’État en novembre 2023.
Une filière nucléaire sous pression
La Cour des comptes s’interroge sur la viabilité économique de la filière. Si EDF défend la nécessité de Flamanville pour préserver les compétences nucléaires françaises et préparer le déploiement international de la technologie EPR, les coûts restent un obstacle majeur. Le groupe mise sur l’expérience acquise pour réduire les coûts des futurs réacteurs, mais la tâche s’annonce titanesque.
Le programme EPR2, annoncé par Emmanuel Macron en 2022, affiche déjà une augmentation de 30 % de ses coûts prévisionnels, atteignant 79,9 milliards d’euros. Cette somme inclut 8,7 milliards pour le développement, 23,6 milliards pour les réacteurs de Penly, 18,1 milliards pour ceux de Gravelines, et 16,9 milliards pour le Bugey.
Au-delà des coûts, le calendrier inquiète. EDF travaille encore à optimiser ses plannings, tandis que le financement des EPR2 reste en discussion avec la Commission européenne. Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, souligne l’absence de devis détaillés et de financement sécurisé pour ces projets. La Cour recommande de retarder toute décision finale d’investissement jusqu’à ce que ces éléments soient clarifiés. Ce retard freine également les engagements des fournisseurs d’EDF, menaçant la préparation industrielle nécessaire au succès du programme.
La course à l’export et la production en série
Pour amortir les coûts, EDF mise sur la standardisation et la production en série de ses réacteurs, en France comme à l’étranger. Les contrats internationaux sont perçus comme une opportunité pour renforcer la compétitivité du programme. Mais la Cour des comptes appelle à une prudence accrue, préconisant une évaluation stricte des risques et de la rentabilité avant tout engagement international.
Alors que l’avenir du nucléaire français repose sur le succès du programme EPR2, la filière fait face à des défis colossaux : coûts exorbitants, retards accumulés, pénuries de compétences et incertitudes politiques. Si EDF espère surmonter ces obstacles grâce à l’expérience acquise et à une stratégie d’industrialisation, la Cour des comptes met en garde : sans une vision claire et des financements solides, le pari du nouveau nucléaire pourrait bien devenir un fardeau insoutenable pour la France.
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2 commentaires
Ah ? Et la rentabilité de l'agence pour le développement des pays du tiers monde coût 16 milliards. Rentabilité des MNA ? Coût 1 .2 milliard. Coût de l'ame 2 milliards . Contribution a l'ue 24 milliards rentabilité nulle
Signaler un abusJean-Luc Dupiot
S'ajoute a la liste: coût de l'occupation des tribunaux à hauteur de 44% pour des affaires liées à l'immigration, coût de l'occupation des forces de police à arrêter encore et encore des récidivistes, des dizaines de fois parfois (pour lesquels il ne manque pas d'articles montrant qu'une partie d'entre-eux le sont uniquement à cause d'une faiblesse de la Justice à les empêcher de récidiver...)
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