International
« Les églises protestantes ne sont plus tolérées » : la répression des communautés chrétiennes se poursuit en Algérie
L'Algérie a franchi un nouveau pas dans la répression religieuse en fermant l’ensemble de ses églises protestantes évangéliques. Une mesure qui révèle les contradictions d’un régime prônant la diversité en étouffant une partie de ses minorités religieuses.
« Les 47 églises protestantes évangéliques d’Algérie sont fermées ou sous scellés ». C’est par ces mots glaçants que Guillaume Guennec, responsable de l’association Portes ouvertes, a dénoncé la situation. Cette persécution, annoncée lors de la présentation de l’« Index mondial de persécution des chrétiens », montre une dégradation des libertés sur le territoire algérien.
Depuis plusieurs années, l’Église protestante d’Algérie (EPA) alerte sur les pressions croissantes exercées contre ses fidèles. La situation s’est drastiquement aggravée en 2024, ce qui marque la fin d’une tolérance relative. Aujourd’hui, les chrétiens évangéliques, principalement des Algériens convertis de l’islam, se voient contraints de pratiquer leur foi dans la clandestinité.
Deux poids, deux mesures
Alors que les églises protestantes sont fermées ou détruites, les 7 000 églises catholiques restent, pour le moment, ouvertes. Cette différence de traitement est flagrante : fréquentées principalement par des expatriés, les églises catholiques échappent aux persécutions infligées aux lieux de culte protestants. Une réalité qui révèle l'existence d'un système discriminatoire visant les Algériens convertis.
L’affaire du pasteur Youssef Ourahmane illustre bien cette intolérance. Condamné à un an de prison en mai dernier pour avoir célébré un culte « non autorisé », il symbolise le calvaire des chrétiens algériens. Depuis 2019, il avait déjà alerté sur ces restrictions de plus en plus sévères, mais ses appels sont restés lettre morte.
Une persécution qui s’étend
Au-delà de l’Algérie, les chiffres de l’« Index mondial de persécution des chrétiens » dressent un tableau pour le moins alarmant. En 2024, 4 476 chrétiens ont été tués dans le monde, dont 3 100 au Nigeria. La violence djihadiste frappe durement l’Afrique subsaharienne, où les milices Fulani causent désormais plus de victimes que des groupes terroristes comme Boko Haram.
Partout dans le monde, des lieux de culte sont détruits, endommagés ou fermés. Le Rwanda, par exemple, a enregistré la destruction de 4 000 églises en 2024. Cette hausse globale de 25 % des persécutions en une décennie montre que les chrétiens sont de plus en plus pris pour cible : 380 millions d’entre eux, soit un sur sept, vivent sous la menace.
Une telle répression met ainsi en évidence les contradictions des prétendus défenseurs des droits humains. Les réactions internationales se font discrètes, en particulier parmi ceux qui prônent la tolérance et la diversité. Pour les chrétiens d'Algérie, la lutte pour la liberté religieuse se mène dans l'indifférence générale.
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