Société
Agriculture sous haute surveillance : Julien Odoul dénonce le « flicage permanent » et la stigmatisation écologique
À travers un tweet et une intervention télévisée sur LCI, Julien Odoul, député du Rassemblement National, n’a pas mâché ses mots pour dénoncer ce qu’il appelle une absurdité bureaucratique et idéologique pesant sur les agriculteurs français. Entre un flicage à outrance, des normes kafkaïennes et une écologie punitive, le député brosse le portrait d’un gouvernement plus occupé à légiférer depuis les bureaux parisiens qu’à comprendre le quotidien des paysans.
Des agriculteurs « plus surveillés que des OQTF »
Dans son tweet publié hier, il s’insurge :
Ce propos incisif fait écho à son intervention sur LCI, où il a détaillé ses accusations. Des agriculteurs surveillés plus étroitement que des personnes sous obligation de quitter le territoire français ? Une comparaison frappante qui met en lumière un déséquilibre aussi troublant qu’incontestable.
Une surveillance par satellite dénoncée
Le député a également partagé une anecdote révélatrice des contrôles que subissent les agriculteurs :
« Un agriculteur me racontait qu'en juin dernier notamment, il a dû retarder les semis parce qu'il y a eu beaucoup de pluie et qu'il a été épinglé par satellite parce que ça n'avait pas poussé assez. On en est là en France. »
”
Ce recours aux satellites, initialement conçu pour optimiser la gestion des cultures, s’est transformé, selon lui, en un outil de sanction systématique. Ce contrôle par l’œil numérique symbolise ce qu’Odoul qualifie de « flicage permanent » et témoigne d’un niveau de contrôle qui alourdit le quotidien des exploitants au lieu de les accompagner. De quoi suggérer que l’État excelle à surveiller l’espace, mais peine à soutenir la terre qu’il devrait protéger.
6 fonctionnaires pour chaque agriculteur
Odoul va plus loin et étrille une surcharge administrative démesurée : « Il y a 6 fonctionnaires qui s'occupent de chaque agriculteur en France. L'inverse serait préférable, c'est-à-dire qu'il y ait 6 agriculteurs pour un fonctionnaire. ». Pour l’élu, cette disproportion illustre une déconnexion totale entre la réalité agricole et les exigences administratives.
Pour ne rien arranger, la France a décidé d’aller encore plus loin que l’Union européenne en matière de régulation. Comme l’explique le député RN : « L’inflation à la fois normative, européenne, mais aussi française, parce qu’en fait on fait pire que l’Union Européenne, on en rajoute comme s’il n’y en avait pas assez. ». Dans ce concours de zèle bureaucratique, Paris décroche la palme. À force de vouloir tout régenter, on semble oublier que les agriculteurs consacrent davantage de temps à gérer des formulaires qu’à travailler leurs terres. Une absurdité qui, si elle ne tue pas, pèse lourdement sur leur quotidien.
Les « écolos-bobos » et la stigmatisation des agriculteurs
Mais le député ne s’arrête pas à la critique des institutions. Il pointe également du doigt une certaine mouvance écologiste :
« Le fichage permanent, la culpabilisation permanente et puis la stigmatisation de l’idéologie écolo-bobo qui fait de chaque agriculteur finalement un danger pour l’environnement, pour la planète, etc. Ça pèse sur le quotidien des agriculteurs et c’est inacceptable. »
”
Cette déclaration met en lumière un sentiment d’injustice largement partagé dans le milieu agricole, où les mesures environnementales sont parfois perçues comme punitives, voire déconnectées des réalités du terrain. Sous couvert de protéger la planète, les agriculteurs seraient transformés en boucs émissaires par des militants dont la vision de la campagne se résume à un week-end à la ferme. Une vision caricaturale qui alourdit encore le fardeau des exploitants.
D’autant que, comme le rappelait justement Sarah Knafo au Parlement européen en octobre dernier, le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), signé en 2019, expose brutalement les éleveurs français à une concurrence déloyale. Cet accord autorise l'importation massive de viande bovine à bas prix provenant d'Amérique du Sud, où les normes environnementales et sanitaires sont bien moins exigeantes qu'en France. Pendant que les agriculteurs français luttent pour respecter des standards stricts et coûteux, leurs homologues sud-américains, soumis à des régulations plus souples, inondent le marché européen. Ce déséquilibre menace directement la viabilité de l'élevage français.
Un gouvernement aux abonnés absents
Au cœur de cette dénonciation, une critique frontale de l’action – ou plutôt de l’inaction – du gouvernement. Le député accuse l’État de surcharger les agriculteurs de contraintes sans leur fournir les moyens nécessaires pour s’y conformer. Alors que le monde agricole souffre déjà de crises économiques, de problèmes climatiques et d’un manque de relève générationnelle, ces mesures supplémentaires viennent, selon lui, enfoncer un secteur vital pour le pays.
Entre les satellites espions, les six fonctionnaires par agriculteur et une surenchère réglementaire, l’élu bourguignon dresse le portrait d’un gouvernement plus soucieux de satisfaire Bruxelles que de soutenir les paysans français.
Quand l’idéologie écrase le bon sens
Julien Odoul met le doigt sur un enjeu crucial : le décalage croissant entre les exigences écologiques et les réalités agricoles. La question n’est plus de savoir si la transition écologique est nécessaire – elle l’est indéniablement – mais bien de savoir comment l’accompagner sans sacrifier les agriculteurs sur l’autel d’une idéologie déconnectée du terrain. Pour l’heure, le gouvernement semble préférer les bonnes notes auprès des institutions internationales, aux solutions pragmatiques pour ses propres agriculteurs.
Cet appel à la raison ne saurait être ignoré. À défaut, c’est tout un secteur déjà à bout de souffle qui risque de s’effondrer, entraînant avec lui une partie de l’identité et de l’indépendance alimentaire de la France. Le gouvernement saura-t-il enfin prêter une oreille attentive à ceux qui, chaque jour, nourrissent la nation ?
À lire aussi : Sarah Knafo : son plaidoyer en faveur des agriculteurs français au Parlement européen
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