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Iran : Olivier Grondeau, un otage français, brise le silence depuis la prison d’Evin
Dans un message audio relayé par France Inter, Olivier Grondeau, détenu en Iran depuis plus de deux ans, dénonce des accusations infondées et des conditions indignes, alertant sur sa situation et celle d’autres otages français.
Après plus de deux ans d’incarcération en Iran, Olivier Grondeau, un Français accusé d’espionnage, s’exprime pour la première fois. Depuis sa cellule dans la prison d’Evin, il dénonce une justice manipulée et une détention qu’il qualifie de « chantage politique ». Son témoignage, courageux mais risqué, met en lumière les abus d’un régime qui utilise les otages comme outils de négociation.
Une arrestation arbitraire lors d’un tour du monde
Olivier Grondeau, 34 ans, est un homme animé par l’envie de découvrir le monde. Né à Montpellier et ayant grandi à Paris, il a étudié les lettres avant de se lancer dans une vie d’aventure, parcourant 90 pays à pied et en autostop pendant plus de dix ans. Ce lecteur invétéré, ancien champion de scrabble junior, fan de Beyoncé et amateur de karaoké, a dédié sa vie à explorer les cultures du monde.
En septembre 2022, il pose son sac en Iran, un pays qu’il affectionne particulièrement. Mais le 12 octobre 2022, à Chiraz, il est arrêté par les autorités iraniennes malgré son profil de voyageur pacifique. Rapidement accusé d’espionnage, il est transféré dans la tristement célèbre prison d’Evin à Téhéran, où il purge sa peine dans une section réservée aux étrangers et binationaux. Depuis, il clame son innocence. « Le tribunal qui m’a condamné ne disposait d’aucun élément à charge. Je suis innocent, tous ici me savent innocent », affirme-t-il dans un message audio enregistré le 19 décembre 2024, lors d’un appel hebdomadaire autorisé avec ses proches.
Olivier se considère comme victime d’un bras de fer géopolitique. « Je suis conscient que cette prise de parole m’expose aux représailles de mes ravisseurs », affirme-t-il avec une lucidité implacable. Il redoute notamment que son témoignage public ne compromette sa demande de libération conditionnelle et n’entraîne un renforcement des mesures strictes auxquelles il est déjà soumis en détention. Par le passé, face à l’incertitude prolongée entourant la tenue de son procès, Olivier Grondeau avait mené une grève de la faim pour protester contre ces délais injustifiés.
Un quotidien infernal à Evin
La prison d’Evin, où Olivier Grondeau purge une peine de cinq ans, est connue pour ses conditions de détention inhumaines. Dans l’aile réservée aux étrangers et binationaux, il partage une cellule exiguë avec 18 autres détenus. Là-bas, les conditions de vie, décrites par les ONG comme Amnesty International, sont marquées par l’insalubrité, les privations physiques et psychologiques, et des actes assimilés à de la torture selon le droit international. Olivier explique que la détérioration de sa santé est alarmante. « Dans ma situation, prendre la parole, c’est prendre un risque. Mais comme il y a risque, il y a espoir. Mais il m’en reste très peu. Je suis vraiment très fatigué », confie-t-il.
Un cri d’alarme pour lui et d’autres Français détenus
Malgré sa propre souffrance, Olivier Grondeau attire l’attention sur les conditions encore plus dures subies par deux autres Français détenus en Iran : Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés en mai 2022. « Vous, qui avez le pouvoir d’influer sur cette affaire, entendez cette vérité. Les forces de Cécile, les forces de Jacques, les forces d’Olivier s’épuisent », déclare-t-il au téléphone avant d’ajouter : « Ma responsabilité, c’est qu’un récit survive. Vous, votre responsabilité, elle est engagée dans la survie de trois êtres humains ».
Le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur d’Iran vendredi, qualifiant les trois ressortissants français d’« otages d’État ». « La mobilisation des autorités françaises pour obtenir la libération de nos compatriotes et soutenir leurs familles et leurs proches reste totale », a déclaré le Quai d’Orsay dans un communiqué. Cette mobilisation diplomatique souligne la gravité de la situation, mais les avancées restent limitées. Pour Olivier Grondeau et ses compatriotes, la libération semble encore lointaine.
Un appel à l’aide relayé par ses proches
Thérèse Grondeau, sa mère, a témoigné sur France Inter pour expliquer pourquoi elle a choisi de médiatiser la situation de son fils après plus de deux ans de silence. « Il y a eu un premier temps qui était le temps diplomatique pendant lequel on a laissé faire, rien ne s’est passé. Après il y a eu le temps d’Olivier, de réflexion. Et puis, maintenant, c’est le temps des médias », a-t-elle expliqué avec émotion. Elle a également révélé que son fils avait été placé en garde à vue pendant soixante-douze jours au début de l’affaire, sans que la famille puisse obtenir la moindre information sur sa situation.« On n’a eu absolument aucune nouvelle, puisque les Iraniens n’ont pas contacté l’ambassade, contre toutes les obligations internationales », a-t-elle ajouté, dénonçant une violation manifeste des conventions diplomatiques.
Un contexte de tension et de chantage politique
Le témoignage d’Olivier Grondeau met en lumière une pratique systématique du régime iranien, consistant à arrêter des ressortissants étrangers pour en faire des leviers de négociation dans des discussions diplomatiques. Son cas s’inscrit dans un contexte de relations tendues entre l’Iran et les pays occidentaux, notamment la France. Les autorités françaises, par le biais du ministère des Affaires étrangères, ont fermement condamné cette situation.
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