Immigration
Mayotte : Estelle Youssouffa dénonce l’« obscénité » de la gestion de l’immigration clandestine
Ce lundi 13 janvier, la commission des affaires économiques s’est penchée sur l’examen du projet de loi d’urgence pour la reconstruction de Mayotte, ravagée par le cyclone Chido. Estelle Youssouffa, députée de la première circonscription de Mayotte et rapporteure du texte, n’a pas caché son exaspération face aux propositions de certains parlementaires quant à la gestion de l’immigration comorienne : « Pas d’eau, pas d’électricité, rien à manger, et vous trouvez le moyen de justifier l’immigration clandestine. »
« Pendant le cyclone Chido, qui a ravagé Mayotte, il ne reste plus rien qui fonctionne. Les Comores, elles, ont été épargnées. J’ai du mal à entendre que Mayotte serait “plus riche”. Je ne comprends pas selon quels critères vous évaluez cette richesse. Chez nous, il n’y a ni eau, ni électricité, ni nourriture », a déclaré Estelle Youssouffa. « Pourtant, vous trouvez le moyen de justifier une immigration clandestine qui se poursuit aujourd’hui. »
“On n’a pas d’eau, pas d’électricité, rien à bouffer, et vous trouvez le moyen de justifier l’immigration clandestine”, répond @DeputeeEstelle à @Aurelientache, dénonçant “une obscénité qui dépasse les bornes”. #DirectAN #Mayotte pic.twitter.com/b0bhfWxAJh
— LCP (@LCP) January 13, 2025
La députée mahoraise a vivement réagi aux propos d’Aurélien Taché (Renaissance) et de Dominique Voynet (écologiste) qui ont évoqué le sort des Comoriens alors que les parlementaires réfléchissaient à un plan de sauvetage pour Mayotte.
Les parlementaires s’inquiètent du sort des Comoriens
Dominique Voynet, présente lors des débats, a voulu insister sur l’importance de ne pas faire d’amalgame : « Je ne pense pas que l’on construira un jour un rideau de fer entre Mayotte et les Comores, à moins d’opter pour des mesures irréalistes comme envoyer le porte-avions Charles de Gaulle faire des ronds dans l’eau », a ironisé cette dernière. L’ancienne ministre de l’environnement a également interpelé sur le sort des immigrés comoriens : « il y a nombreuses personnes en situation régulière qui, aujourd’hui, sont inquiètes, notamment en raison de l’échéance de leurs titres de séjour : beaucoup expireront entre le 14 décembre et le 31 mars 2025. »
Dominique Voynet n’a d’ailleurs pas hésité à critiquer vivement la fermeture, depuis plus d’un mois, du bureau de la préfecture. Elle a exhorté les autorités à agir rapidement en garantissant une prolongation automatique des titres de séjour, comme cela a déjà été fait dans d’autres situations d’urgence.
Aurélien Taché a, de son côté, vivement critiqué les propositions visant à restreindre le droit du sol à Mayotte d’une France pourtant bien heureuse d’étendre sa zone économique exclusive dans l’océan Indien et de profiter des richesses qui en découlent. Selon lui, ces initiatives reposent sur une instrumentalisation des données démographiques pour alimenter les peurs des Français, plutôt que sur des solutions concrètes.
“Vous souhaitez la fin du droit du sol à Mayotte. Vous acceptez que les enfants n’aient pas les mêmes droits selon l’endroit où ils naissent”, cingle @Aurelientache. “C’est au fond cohérent avec la déchéance de nationalité que vous réserviez par le passé aux binationaux.” pic.twitter.com/1CdCk27Ucv
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« C’est en mettant en place des voies de migration légales vers l’Hexagone et en élaborant une véritable politique d’aide au développement pour les Comores que nous pourrons aborder la question migratoire de manière responsable », a-t-il déclaré.
Mayotte sans eau, ni électricité, ni nourriture
« Vous avez même l’audace de parler d’aider un pays qui nous revendique et instrumentalise sa population. À ceux qui disent que nous devons continuer à accueillir, je réponds que c’est une obscénité qui dépasse les bornes. » Face aux propos tenus, la députée de la première circonscription de Mayotte, Estelle Youssouffa, a exprimé une indignation sans appel. La députée de la première circonscription de Mayotte n’a pas mâché ses mots pour dénoncer les injonctions à continuer d’accueillir des populations dans un territoire déjà sinistré.
« Trouver le luxe de dire à des personnes qui n’ont plus de toit qu’elles doivent “continuer à accueillir”, c’est d’une obscénité qui dépasse les bornes », a-t-elle fustigé. Elle a jugé inacceptable qu’on puisse légitimer l’arrivée de populations comoriennes, épargnées par le cyclone. « Quand on n’a ni eau, ni électricité, ni nourriture, nous dire que nos voisins épargnés par le cyclone sont légitimes à venir chez nous relève d’un dogmatisme qui dépasse l’entendement », a-t-elle ajouté, dénonçant un discours empreint de naïveté.
La députée a également tiré à boulets rouges sur les politiques d’aide aux Comores, rappelant qu’un accord de coopération signé en 2019 avait déjà alloué 200 millions d’euros à ce pays.Pourtant, selon elle, les résultats sont catastrophiques : « En 2019, on comptait 27 000 reconduites à la frontière. L’année dernière, ce chiffre a chuté à 20 000. Plus nous finançons les Comores, moins nous obtenons de résultats », a-t-elle asséné.
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