International
Kosovo : la fermeture de dix municipalités serbes provoque une escalade des tensions avec Belgrade
Mercredi 14 janvier, les autorités kosovares ont fermé dix municipalités qualifiées de "parallèles" et financées par la Serbie, dont l’une située dans la capitale, Pristina.
Une opération musclée contre les institutions serbes
Cette initiative s’inscrit dans une série d’actions visant à démanteler les structures serbes jugées illégales sur le territoire kosovar.
Le ministre kosovar de l’Intérieur, Xhelal Svecla, a déclaré sur Facebook : « Le temps des municipalités et des institutions parallèles et criminelles de la Serbie dans la République du Kosovo se termine. » Selon lui, l’opération a également conduit à la fermeture de plusieurs bureaux de poste et administrations fiscales opérant sous l’autorité serbe.
Belgrade dénonce une "escalade dangereuse"
La Serbie a réagi avec virulence à cette opération, que le ministre serbe des Affaires étrangères, Marko Djuric, a qualifiée d’"action agressive". « Ces actions ne sont pas seulement une attaque contre les institutions, mais une tentative flagrante de saper les droits collectifs et l’identité des Serbes au Kosovo », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux.
Le Premier ministre serbe, Milos Vucevic, a également condamné cette initiative, dénonçant la "torture qu’exerce Albin Kurti [le Premier ministre kosovar] sur les Serbes". Il a assuré que Belgrade suivait de près la situation et prendrait « toutes les mesures nécessaires » pour protéger la population serbe.
Une politique kosovare sous tension à l’approche des élections
Cette fermeture de municipalités s’inscrit dans une politique active du Premier ministre kosovar, Albin Kurti, visant à renforcer l’autorité de Pristina sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones à majorité serbe. Ces actions incluent l’interdiction de l’usage du dinar serbe et la fermeture de banques et de bureaux de poste serbes au cours des derniers mois.
À quelques semaines des élections législatives prévues le 9 février, cette opération apparaît également comme un test électoral pour Albin Kurti, qui a multiplié les bras de fer avec Belgrade. Ses adversaires serbes et certains observateurs internationaux l’accusent toutefois d’attiser les divisions ethniques pour renforcer sa base politique.
Une menace pour la stabilité régionale
La situation au Kosovo reste extrêmement tendue depuis la déclaration d’indépendance de l’ancienne province serbe en 2008, que Belgrade refuse toujours de reconnaître. Les actions du gouvernement kosovar risquent de compromettre davantage la stabilité de la région, déjà marquée par des tensions ethniques et politiques persistantes.
Marko Djuric a exhorté la communauté internationale à "ne pas rester silencieuse", soulignant que cette stratégie « menace la coexistence pacifique et la stabilité régionale ». Pour l’instant, aucune médiation internationale n’a été annoncée.