Politique
[Édito] Le centre, nouveau camp du chaos ?
Le Salon de l’Agriculture 2024 est le révélateur d’une réalité jusque-là encore sourde : le centre, autrefois camp de l’ordre face aux « extrêmes », devient le camp du chaos.
Si Emmanuel Macron était réélu, « le chaos serait absolument général ! » prédisait Marine Le Pen. Force est de constater que la prédiction de l’adversaire du second tour aura été juste : depuis 2022, les épisodes de chaos se multiplient en France : émeutes, réforme des retraites, Salon de l’Agriculture… C’est désormais le centre qui génère le désordre.
Retraites et meutes
L’année 2023 aura été chargée pour Emmanuel Macron. Chargée en projets, en évènements, mais aussi en désordres. La réforme des retraites aura d’ailleurs été le premier acte majeur du second mandat d’Emmanuel Macron.
La réforme était difficile à passer, mais c’était – selon la présentation offerte par la majorité – la décision rationnelle, la décision sûre, la décision de l’ordre qui rassure l’électorat boomer. Effectivement, celui-ci était le seul à n’être pas radicalement opposé à la réforme. Le reste de la population, en revanche, n’a pas attendu qu’on l’y autorise pour manifester son mécontentement. Durant plusieurs semaines, des centaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues, emmenées par les syndicats et les partis de gauche : le « chaos social », résultat de six années de macronisme (après cinq ans d’hollandisme et cinq de sarkozysme) se dévoilait dans les rues.
La réforme passée, la colère ne cessait pas. Durant des semaines, les ministres du gouvernement et Emmanuel Macron lui-même ne pouvaient se déplacer sans entendre ces fameuses casseroles (qu’on finira par interdire par arrêtés). La colère populaire les poursuivait.
Émeutes et retraite
Fin juin 2023, la mort du délinquant Nael, tué par un policier qui tentait de l’arrêter, mettait à nouveau le feu aux poudres. Alors que durant le débat de l’entre-deux-tours, Emmanuel Macron avait annoncé que l’accession de Marine Le Pen au pouvoir signifierait le soulèvement des banlieues, il apparaît que celui-ci était destiné à advenir de toute façon.
Durant plusieurs nuits, les rues des banlieues se sont transformées en zones de pillage, en champs de bataille. Les policiers, sous les coups des mortiers, répliquaient par des interpellations, des tirs de LBD. Ces zones de guerre urbaine (pas civile, il s’agit d’un autre peuple) ont alors fait prendre conscience de l’imminence de la menace séparatiste, de la différence qui existait entre ce peuple et le nôtre.
Aussi, on y a compris que les affrontements ne s’arrêteraient pas, peu importe le dirigeant. Il y a désormais une menace sur notre sol, et seule une politique sécuritaire et anti-immigration permettra de limiter sa portée. Or, Emmanuel Macron, bien installé au centre, est loin de ces préoccupations.
Acte III : le centre face à la tempête
Comme nous le racontions dans notre reportage sur le week-end d’ouverture du Salon de l’Agriculture, arrivé vers huit heures trente du matin selon toute apparence, Emmanuel Macron restera bloqué plus de sept heures dans son étage, attendu par la foule en colère tout autour. « La sécurité du Salon n’a jamais vu ça » confie un exposant habitué.
Des heures durant, des centaines de manifestants lui crieront leurs revendications et leur rejet de sa politique agricole inexistante. Les « Macron démission » ont fusé, la colère était à son paroxysme. Le président n’approchera jamais la foule à moins de cent mètres après des heures de siège, se contentant de quelques images pour tenter de sauvegarder les apparences.
👉 L’accueil du Premier ministre est moins chaotique que celui du Président. Néanmoins, les journalistes non accrédités ne peuvent l’approcher. Même chose pour les visiteurs qui sont repoussés à une dizaine de mètres derrière plusieurs cordons de sécurité.#SalonAgriculture2024 pic.twitter.com/mskjZ4L8HN
— Livre Noir (@Livrenoirmedia) February 27, 2024
De leur côté, passés ce 27 février au Salon de l’Agriculture, Marc Fesneau et Gabriel Attal susciteront avant tout l’indifférence derrière leurs nombreux filets de sécurité. Le parcours est fléché, les ministres ne parlent qu’aux exposants et aux personnalités sélectionnées. Aucun bain de foule comme ceux que Jordan Bardella a multipliés les deux jours précédents. Trop risqué, mieux valait la jouer discrètement pour avoir quelques images.
Après plusieurs défaites politiques comme les rencontres de Saint-Denis ou les 49-3 et la victoire retorse de la loi immigration, le centre, loin de l’équilibre, paraît plus que jamais instable, fragile et vulnérable au chaos.
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