Enquêtes
À travers la Mauritanie : les nouvelles routes de l’immigration
Après les Canaries, la Mauritanie. Pour Frontières, Erik Tegnér remonte progressivement la source des routes migratoires jusqu’à la côte africaine, dernier point de convergence avant “l’Eldorado” européen.
Nous retrouvons Pierre Martinet à l’aéroport de Nouakchott en Mauritanie. Il est deux heures du matin, les visas sont réalisés sur place. Motif de votre séjour ? « Tourisme, nous allons visiter le désert de l’Adrar. »
Nous avons proposé à Pierre de nous accompagner pour sécuriser notre déplacement. Ancien otage en Libye en 2011, fin connaisseur de l’Afrique, son expérience et ses compétences nous ont été d’une aide précieuse. Car la Mauritanie n’est pas un pays sans danger, la partie nord-est du pays vers laquelle nous nous rendons est classée rouge par le Quai d’Orsay : Boko Haram y est toujours présent, notamment à la frontière malienne. Il faut donc rester vigilant, en plus de ne pas se faire remarquer par les forces de l’ordre locales dans cet État policier intransigeant.
Sur des charbons ardents
Ici, dans cette République islamique, peu de chance pour nous d’obtenir un visa presse, d’autant plus si les autorités ont connaissance du thème de notre enquête. C’est la raison pour laquelle nous allons tout le long de séjour faire profil bas, et tenir notre légende de « touristes français », sans même informer notre chauffeur de la réalité de notre voyage. Il faut donc veiller à ce que nous disons, y compris en voiture.
Mohammed, 62 ans, est notre guide : sans lui, difficile de traverser ce pays de six millions d’habitants du sud au nord, sans avoir de problèmes. Une seule grande route nous conduit vers Nouadhibou, pour un voyage de sept heures à travers le sable, des morceaux de déserts, des coins inhabités et pauvres. Dans son pick-up Toyota blanc, nous devons passer toutes les 30 minutes les checks points des douanes mauritaniennes : ici, les « bakchichs », en d’autres termes ce qu’il faut payer aux policiers, sont un passage obligé. Heureusement, Mohammed est habitué à cette trav
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