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[Portrait] Aymeric Durox : quand le RN bat la campagne

Le sénateur Aymeric Durox a été élu sénateur de Seine-et-Marne en juin dernier à seulement 38 ans. Portrait d’un prof fait sondeur, d’un sondeur fait sénateur.

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[Portrait] Aymeric Durox : quand le RN bat la campagne

Ils ne sont que trois à pousser les portes du Palais du Luxembourg et se demandent parfois ce qu’ils y font. Parmi les sénateurs du Rassemblement National, il y a Aymeric Durox, peut-être le moins attendu de ces sénateurs non-inscrits, condamnés à attendre la prochaine élection pour espérer rejoindre un groupe.
Nous rencontrons le personnage au Salon de l’Agriculture, à Paris. Le rendez-vous est fixé devant le stand de la Seine-et-Marne : c’est de là que vient Aymeric Durox : une vraie terre promise pour celui qui a surpris tout le monde, jusqu’à la présidence du RN, par son élection en septembre dernier. Il faut dire que le RN n’a jamais performé en Île-de-France, la Seine-et-Marne étant d’ailleurs plutôt ancrée à droite, celle de Copé (maire de Meaux) et de Christian Jacob (ex-maire de Provins et véritable baron local), donc pas la plus radicale ! Devant le stand de son département, le néo-sénateur nous explique tout : au nord-ouest, il y a la banlieue et Disneyland, au sud-ouest, les moyennes villes bourgeoises. Le reste du grand département, c’est la terre du RN : zones rurales, petites villes de moins de 10 000 habitants, oubliés de la mondialisation… Il n’y a guère que Provins, pôle d’attraction des alentours, qui est bien reliée à la capitale.

La politisation bonapartiste

Aymeric Durox a toujours été politisé : en 2002, c’est pour Chevènement et son soutien, le très-bonapartiste Max Gallo ; ensuite, c’est pour Dominique de Villepin et ses discours enflammés ; puis Nicolas Sarkozy jusqu’à la « trahison de Lisbonne » durant laquelle il fait passer de force le référendum de 2005 rejeté par les Français. Entretemps, un de ses petits écarts politiques l’amuse : « Pensant deux ans, pour faire plaisir à un pote qui voulait des jeunes avec lui, j’ai pris ma carte au Parti Radical Valoisien, micro-parti de droite. Résultat, c’est sur ma fiche Wikipedia et mes parents ont été harcelés de courriers des anciens LR pendant six ans ! »
Et après Sarkozy, que reste-t-il ? Aymeric Durox a vingt-trois ans et se cherche avec pour boussole l’histoire, le gaullo-bonapartisme qui a bercé ses lectures de jeunesse et le souverainisme comme ligne directrice. Il reste donc le FN pour qui le jeune étudiant à Toulouse votera bientôt pour la première fois : il ne sera jamais trahi et ne variera plus. En 2012, il se réjouit de l’accession de Marine Le Pen au pouvoir, et en 2014, il se lance.

A. Durox : sondeur, statisticien et homme de terrain

Dans la conversation qui se tient, on en arrive bientôt à sa politisation « dure » et ses ambitions électorales. Tourbillon de noms de communes ou d’élus, de statistiques et de résultats : Aymeric Durox connaît visiblement bien sa circo’ et a l’âme d’un responsable de campagne. De ville en ville, de fête de village en rencontre d’élus et d’habitants en passant par le développement et la structuration du RN 77, le professeur d’histoire est en campagne et ne s’arrête pas à la première contrariété.
« Ils me détestent tous, il ne peuvent pas me blairer parce que je suis en train de les battre » avance Durox, le sourire en coin. « Ils », ce sont Les Républicains à qui Durox a finit par faire perdre un siège dans un de leurs bastions. C’est face à eux, entre Renaissance et la gauche, qu’il bataillera pendant de longues années.

De toutes les élections réalisées par Aymeric Durox, beaucoup relèvent du travail de terrain de longue haleine. Il parviendra à faire venir très tôt Marine Le Pen et Jordan Bardella dans son département et multiplie les démonstrations de force pour que passe un message : « Le RN est bien présent en Seine-et-Marne ».

Quatre élections en six ans, et des élections législatives perdues en 2022 à presque rien. Malgré la campagne de terrain, la déception est grande, à seulement 850 voix d’écart. Qu’importe, le mariniste attendra son heure comme sa candidate à la présidentielle.

La bataille finale se joue un an après, et si Durox n’y croit pas trop au début, la persévérance finit par payer : alors que le soir du 24 septembre 2023, les résultats lui arrivent au compte-gouttes, il se met à y croire et le parti aussi. Son score chez les élus est finalement meilleur que prévu, Aymeric Durox sera sénateur de Seine-et-Marne du Rassemblement National.
Après avoir battu la campagne, reste une mission : préparer le terrain pour les nouveaux arrivants. Mais le professeur d’histoire d’histoire de Fontainebleau peut enfin souffler un peu…en attendant la prochaine élection.

 

À lire aussi : [Critique] L’ascension du camp national

1 commentaire

mathisgangand@gmail.co

Bonjour, je crois que vous avez fait erreur. Ils sont trois à avoir poussé les portes du Palais du Luxembourg. Les portes du Palais Bourbon en revanche, ce sont 88 députés du Rassemblement National qui les ont poussées.

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