Politique
Philippe Olivier : « Le salut de la vraie Europe viendra de la France »
Les élections européennes de 2024 approchent à grands pas. Votre but est-il, comme il y a quatre ans, d’en faire les « midterms » à la française ?
Incontestablement, dans le cadre d’un quinquennat, c’est-à-dire d’un mandat présidentiel qu’aucun scrutin législatif ne peut sanctionner ou réorienter, une élection de mi-mandat revêt une importance politique majeure. Pour la France, tous les voyants sont au rouge et notre pays vient de subir avec les émeutes une nouvelle crise de l’État régalien et surtout une crise identitaire de grande ampleur. La situation intérieure et extérieure désastreuse de la France appelle à la mobilisation de tous les Français et singulièrement de tous les électeurs patriotes pour ces élections européennes. Il n’est pas possible de voir l’affaissement de son pays et ne pas réagir.
Mais, l’enjeu d’une élection européenne est aussi européen puisque Bruxelles est l’endroit où se décident les grandes lignes de toute notre politique intérieure. C’est vrai par exemple des retraites ou des traités commerciaux. Il faut également mettre un terme à ces pactes avec le diable que l’UE de Mme von der Leyen signe pour nous :
- Le Pacte vert, le Green deal, c’est-à-dire la folie verte ; imaginez que, sous couvert de l’interdiction de la vente des moteurs thermiques à 2035 pour des raisons écologiques, l’UE organise la ruine de la filière automobile française et européenne ;
- Le Pacte des Migrations qui prévoit de dessaisir les états de leur compétence migratoire pour organiser la submersion de nos pays.
En politique, il n’y a pas de petits combats et celui qui se mène à l’Europe engage notre existence en tant que puissance indépendante et en tant que peuple. C’est dire s’il est important de ne pas considérer ce scrutin comme accessoire.
Quel clivage va, selon vous, prédominer durant les élections européennes ? Quelle voie le Rassemblement National va-t-il défendre ?
Le clivage entre deux conceptions de l’Europe demeure et même se précise : d’un côté les Européistes qui ne croient plus dans les Nations mais nous entrainent vers un délire impérial, celui d’un empire marchand, wokiste et sans limites géographiques, vers une entité supranationale qui, comme tous les empires, se moque d’asservir les peuples et les gens ; de l’autre, les partisans d’une Europe, respectueuse des identités et des souverainetés, attachée à notre histoire et à la grandeur de nos Nations, attachée à la liberté de nos États et de nos citoyens.
Sur le plan européen, un vaste jeu d’alliances a lieu. Le Groupe Identité et Démocratie, le vôtre, y est quelque peu isolé. La radicalisation relative de l’AFD en Allemagne et la baisse de la Lega del Norte en Italie ne sont d’ailleurs pas pour faire vos affaires. Comment comptez-vous manœuvrer pour conserver une voix forte à Bruxelles ?
Ni notre mouvement, ni notre groupe ne sont isolés. Pour beaucoup de formations patriotes sur le continent, au-delà même du Groupe ID, le Rassemblement National, comme le nom de Marine Le Pen, constituent une référence politique et stratégique de premier ordre. Les patriotes de toutes les nations d’Europe suivent avec beaucoup d’intérêt notre parcours parce qu’ils ont conscience que le salut de la vraie Europe viendra de la France et donc du RN qui est aux portes du pouvoir.
Ce qui va compter dans la recomposition des forces au Parlement européen, ce sera la dynamique politique qui ressortira des urnes en 2024. Il est important que le RN sorte en tête devant les déconstructeurs marcronistes et que nous soyons la délégation la plus importante en nombre. Ce sont les électeurs qui donnent la puissance, pas les commentaires extérieurs ou les rêves éveillés de nos adversaires huit mois avant les élections.
Cette année, vous aurez un concurrent direct sur le sujet de l’immigration en la personne de Reconquête. Comment envisagez-vous cette concurrence ? Cela changera-t-il quelque chose pour vous aux élections européennes ?
L’immigration est certes un sujet essentiel, ce n’est pas le seul. Reconquête a choisi sa stratégie qui est celle d’une radicalité qui n’est pas la nôtre. Nous pensons que les Français souhaitent pouvoir se tourner vers une force d’alternance et non pas une force strictement protestataire. Ils ne veulent pas ajouter un problème au problème.
D’un point de vue économique ou social, rien ne distingue M. Zemmour de M. Macron. C’est là une divergence fondamentale puisque nous sommes attachés à une vision sociale sans laquelle il n’y a pas, pour nous, de cohésion nationale. Or, on ne redressera pas le pays sans unité nationale. Nous, nous voulons réunir tous les Français patriotes. Croire qu’il n’y aurait que des patriotes « à droite », nous semble un peu réducteur. Nous continuerons donc à nous adresser à tous les Français et, comme aux législatives, les électeurs trancheront.
Quel bilan tirez-vous des six mois de présidence tournante de la France à la tête de l’Union européenne ?
Comme d’habitude, M. Macron a brillé par son inconsistance politique et son discrédit personnel. Il a beaucoup parlé. Il n’a rien fait et d’un certain point de vue, c’est heureux ; le revers, c’est qu’avec son inertie de faux parleur, il n’a en rien contrarié les évolutions néfastes. La vérité, c’est que c’est l’Allemagne qui dirige l’Union Européenne et la France avec M. Macron est vassalisée. Il est vraiment temps d’en changer
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