Politique
La droite doit considérer les nouveaux enjeux du siècle
La France, l’Europe et l’Occident ont changé. Ce qui était autrefois qualifié « d’extrême droite » impose désormais son agenda : au Royaume-Uni, le travailliste Keir Starmer s’est engagé à lutter contre le fléau migratoire ; idem pour Olaf Scholz en Allemagne ou Donald Tusk en Pologne qui, carrément, tient une politique en la matière bien plus restrictive que les droites anciennement au pouvoir. Les personnalités comme Donald Trump, récemment réélu, Viktor Orbán, Giorgia Meloni et tant d’autres sont officiellement au pouvoir, entretenant souvent de bonnes relations permettant de faire avancer les idées conservatrices par le biais de réseaux : C-PAC, MCC, European Conservative… Par-delà les frontières et les alliances, des liens se tissent, de nouveaux profils sont repérés et petit à petit, un nouveau récit s’impose. L’avancée du populisme sonne le glas d’un modèle républicain qui sent la fin venir, ayant échoué de bout en bout sur presque tous les sujets.
La parenthèse antifasciste se ferme enfin. Ça y est, l’absurde mythe d’un retour aux années 1930 totalitaires pour les partis de droite nationale se dissout, seule la gauche bouffonne y restant attachée. La vision d’un capitalisme triomphant s’appuyant sur un marché mondial sans frontières disparaît elle aussi : la désindustrialisation a fait trop de dégâts.
Plus endommagée encore, il y a l’utopie libérale, qu’elle soit de droite ou de gauche. Profondément moderne, elle prend pour base des valeurs éthérées appelées : « valeurs de la République ». Universalisme, laïcité, humanité et fermeté, contrat social, esprit des Lumières… autant de mots ayant lentement, mais sûrement, poussé les pays occidentaux vers le déclin.
Le nouveau monde arrive. Il sera anti-immigration, sécuritaire, écologiste, technologique, plus que jamais soumis à l’instantané, moins cultivé, accroissant, plus local, plus métissé quoi qu’on le veuille, sociétalement amoral, démagogique jusqu’à la rupture du système. Il s’agit de comprendre son siècle.
Les clivages ne seront pas les mêmes, les sujets de débat auront changé et pourtant, en France, siègeront toujours dans l’hémicycle une droite et une gauche se réclamant de tel ou tel héritage. La gauche ne sera plus la gauche, la droite ne sera plus la droite, la France ne sera plus la France : la modernité, c’est terminé.
Que seront les grands défis de cette époque post-moderne dont nous apercevons les émissaires ? La submersion migratoire bien entendu, qui semble prête à s’accélérer encore, poussée par une crise écologique croissante dont les effets se feront tant sentir au sens climatique qu’à celui de la raréfaction des ressources disponibles. Qui dit immigration dit aussi crise identitaire : un jour, il faudra bien définir clairement ce qu’est la France, ce qu’est un Français, et la réponse n’est certainement pas « toute personne qui a un passeport français ».
Plusieurs voies s’ouvrent aujourd’hui : la poursuite de « l’utopie » moderniste jusqu’au déni ; la poursuite de la créolisation et du multiculturalisme jusqu’à la disparition des nations ; ou un identitarisme pacificateur. Alors que la gauche progressiste et la droite conservatrice qui se sont affrontées des lustres durant disparaissent, une nouvelle gauche et une nouvelle droite font surface.
Souhaitons-leur bonne chance pour résoudre les enjeux existentiels à venir.
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