Immigration
Triomphal après sa condamnation, Elias d’Imzalène choisit malgré tout de faire appel
Elias d’Imzalène, condamné à cinq mois de prison avec sursis et à une amende de 10 000 € pour provocation publique à la haine envers la communauté juive, a fait appel le 30 décembre, malgré avoir présenté la décision comme une victoire. Sa stratégie de défense pourrait bien se retourner contre lui, prévient l’avocate Muriel Ouaknine Melki, dans un contexte où « la justice passe à la vitesse supérieure ».
« Est-ce qu’on est prêt à mener l’intifada dans Paris ? Dans la banlieue ? Dans nos quartiers ? On va leur montrer que la voix de la libération vient de nous. Qu’elle démarre de Paris », s’écrie Elias d’Imzalène, le dimanche 8 septembre dernier, à la fin d’une manifestation de soutien à la Palestine place de la Nation.
Un « V de la victoire » devant les caméras
Des propos qui lui ont valu une condamnation judiciaire. Le 28 décembre, le tribunal correctionnel de Paris a reconnu le militant propalestinien coupable de provocation publique à la haine ou à la violence envers la communauté juive. Il a écopé de cinq mois de prison avec sursis et devra verser 10 000 euros, qui comprennent des dédommagements aux parties civiles ainsi que les frais de justice.
À en croire les applaudissements qui éclatent dans la salle au moment du verdict, on comprend que les soutiens de d’Imzalène sont satisfaits du jugement. La peine, moins sévère que les huit mois de sursis requis, a été perçue par ses sympathisants comme une victoire. Fidèle à son habitude, l’influenceur islamiste a profité de l’occasion pour jouer la carte de la communication. Devant les caméras, tout sourire, il a levé un « V de la victoire » et déclaré : « Nous sommes heureux que, finalement, la justice n’ait pas cédé aux injonctions des médias islamophobes, racistes ou pro-génocidaires. »
Ce discours, empreint de triomphe, cherchait à retourner la situation en présentant la décision judiciaire comme une réhabilitation. Pourtant, quelques jours plus tard, le 30 décembre, c’est le rebondissement : Elias d’Imzalène fait appel de sa condamnation.
L’appel d’Elias d’Imzalène, au-delà de la simple stratégie de victimisation
Pour ses détracteurs, la réponse est simple : il s’agirait d’une stratégie de victimisation. En se présentant comme une cible d’un supposé système « islamophobe », le militant chercherait à renforcer son image de porte-voix des opprimés. Mais pour l’avocate Muriel Ouaknine Melki, qui représente la partie civile dans cette affaire en tant que présidente de l’Organisation Juive Européenne, il est important de dépasser la simple lecture stratégique centrée sur la victimisation d’un individu qui « use toujours un double discours ».
« Je ne suis pas étonnée qu’il ait fait appel. Sa condamnation est très importante pour deux raisons. Premièrement, elle affirme qu’on n’a pas le droit, en France, de lancer des appels ouverts à l’Intifada, incitant à l’insurrection ou à la prise des armes. C’est bien ce que ses propos signifiaient. » Elle poursuit : « Deuxièmement, il a été condamné, et cela figure désormais sur son casier judiciaire, qui était jusque-là quasiment vierge. »
« La justice passe à la vitesse supérieure avec ce type de comportement »
Pour l’avocate pénaliste, la condamnation prononcée par la 17ᵉ chambre correctionnelle, cinq mois de prison avec sursis, « n’est pas rien ». « Elle a jugé que la dangerosité de ses propos justifiait une telle peine », précise-t-elle. À cela s’ajoutent des sanctions financières de 10 000 €, une somme importante pour quelqu’un qui dispose de revenus modestes, environ 1 600 € par mois, provenant majoritairement d’une allocation pour adulte handicapé et d’un complément d’assurance.
Si la stratégie derrière cet appel vise à réduire les condamnations, qu’elles soient pénales ou financières, elle reste néanmoins risquée. « En appel, les juges peuvent prononcer des peines plus sévères », confirme-t-elle. Elle souligne cependant que le contexte actuel ne joue pas en sa faveur : « Il semble ignorer, ou sous-estimer, le changement de paradigme récent au ministère de la Justice. » Et d’ajouter : « Ces derniers jours, on a vu des influenceurs placés en détention pour des propos comparables. La justice passe à la vitesse supérieure avec ce type de comportement. »
Pour la présidente de l’Organisation Juive Européenne, cette stratégie de défense, bien que peu surprenante, montre que la sanction qu’il a reçue est suffisamment sévère pour le pousser à faire appel, alors qu’il la considérait d’abord comme une victoire. « Cela montre bien l’importance de cette décision », conclut-elle.
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