Politique
Edwige Diaz : « Les comportements de racailles adoptés par la NUPES à l’Assemblée sont très mal perçus dans la ruralité. »
Vous avez pris une circonscription historiquement favorable au Parti Socialiste (PS), comment avez-vous fait ?
C’est une circonscription dans laquelle je suis implantée. Mes parents sont arrivés en Gironde à l’âge de mes cinq ans. Mon grand-père travaillait alors dans la plus grande entreprise de la région, la centrale nucléaire de Blaye. J’ai quant à moi habité dans cette circonscription pendant mes études et je m’y suis définitivement installée en 2016.
J’étais déjà candidate en 2017, année au cours de laquelle nous avions réalisé un score honorable pour l’époque : quasiment 43%. Le soir de notre défaite, nous nous sommes dits que nous allions faire beaucoup de terrain. Nous étions, avec mes collaborateurs actuels, en campagne permanente. J’étais déjà conseillère régionale à l’époque et en 2020, je me suis présentée aux élections municipales. Nous nous sommes retrouvés à quelques voies de gagner la mairie. Nous avons donc pu entrer au conseil municipal avec un groupe important et siéger au conseil régional dans le même temps. En 2021, j’ai aussi été tête de liste aux régionales.
Tout cet engagement mis bout à bout a renforcé ma présence sur le terrain et, consécutivement, ma présence médiatique. Mais c’est mérité si j’ose dire. C’est un travail méticuleux, nous sommes sur le terrain tous les week-ends, même au cours des vacances scolaires. Nous adorons cela et en aucun cas nous ne nous forçons à nous rendre sur le terrain.
Depuis la fin des élections législatives, nous avons gardé le rythme d’au moins un marché par semaine. Pour résumer, depuis 2016, nous sommes les seuls présents sur le terrain. Pendant les élections, il y a quelques autres partis qui se réveillent, mais globalement, nous sommes les seuls. C’est très important d’être au contact, sur les marchés, aux bals populaires, aux événements institutionnels, aux inaugurations, nous assistons également à beaucoup de cérémonies.
Au fur et à mesure, les Français vous voient, discutent avec vous et vous font confiance. Enfin, la dynamique Marine Le Pen est extrêmement bien perçue au niveau local, tout simplement parce que les solutions que nous proposons sont les bonnes. Très concrètement, dans ma circonscription, il y a une centrale nucléaire et nous refusons les éoliennes. Les habitants se demandent donc pourquoi la facture augmente autant. Il y a aussi beaucoup de chasseurs en Gironde, par conséquent, nous n’apprécions pas qu'Aymeric Caron nous donne des leçons en la matière. De la même manière, la Gironde est une région très « Gilets Jaunes » si j'ose dire. Nous sommes obligés d’utiliser notre voiture pour nous déplacer, c'est essentiel. Il faut évidemment ajouter à cela toutes les décisions prises par Emmanuel Macron contre les ruraux. Pour résumer, ma victoire dans cette circonscription est une accumulation entre le terrain, une forte présence médiatique, un engagement local, un programme concret, la popularité de Marine Le Pen et le mauvais mandat d’Emmanuel Macron.
Vous n’avez jamais été politiquement dominants là-bas, c’est assez étonnant au vu de la sociologie de la région…
Ça va arriver ! Nous avons fait des analyses, la Nouvelle-Aquitaine est en train de devenir une terre d’élection pour le Rassemblement National. Nous avons certes perdu des circonscriptions, mais la plupart à plus de 40% des voix au second tour. Sur ma circonscription, en l’espace de cinq ans, notre score est passé de 43% à 59% des voix. Toutes les circonscriptions qui dépassent les 40% en 2022 sont donc tout à fait gagnables aux prochaines élections. Nos cadres locaux le savent très bien et travaillent dans ce sens. Je suis entourée d’une circonscription perdue à 48% et d’une autre à 49,2%.
Dans certaines circonscriptions, du fait d’Éric Zemmour qui a divisé les voies des patriotes, il nous a manqué quelques voix précieuses qui nous auraient permis d’être au second tour. La Nouvelle-Aquitaine est une future terre d’élection pour le RN. Les comportements de racailles adoptés par la NUPES à l’Assemblée Nationale sont très mal perçus dans la ruralité.
Lorsque Aymeric Caron dit souhaiter interdire la viande dans les cantines scolaires, c’est un discours que les Limousins peuvent difficilement entendre, eux qui mangent souvent de la Limousine ! Pour en revenir aux élections, nous avons plusieurs objectifs. D’abord, les élections municipales, afin d’avoir un maillage d’élus important pour 2027, puis évidemment les élections présidentielles et les législatives.
Il y a un endroit où vous progressez difficilement, c'est dans les grandes villes, pourquoi ?
Oui, c’est pour cela que nous travaillons dès aujourd’hui pour les élections municipales. En Gironde, nous progressons timidement, mais nous progressons. À Bordeaux, en 2017, Marine a fait 14%, en 2022 elle a fait 20%. Néanmoins, ce qui est intéressant, ce sont les communes voisines de Bordeaux, dans lesquelles la progression est fulgurante.
Il demeure important d’avoir une grande ville comme symbole, et vous n’avez que Perpignan…
Oui, nous n'avons que Perpignan. Mais nous travaillons à implanter nos candidats partout.
Les habitants des métropoles connaissent peu la question de la fin de mois. Ce sont les gagnants de la mondialisation, totalement soutenus par Emmanuel Macron. Ils soutiennent donc cette politique afin de garder leurs privilèges. Mais nous nous adressons aussi à ces habitants des grandes villes parce que leur tour d’ivoire est menacée, elle aussi, par l’insécurité, par l’immigration et par l’explosion des taxes foncières. Nous avons donc un message à délivrer à ces personnes.
Les habitants des grandes villes ont pu être préservés longtemps via des tactiques d’évitement, en mettant leurs enfants dans des écoles privées par exemple. Mais cela ne durera pas éternellement. Tout cela évolue dans le bon sens pour nous. Les gens nous voient tels que nous sommes réellement, loin des caricatures qui sont faites depuis quarante ans. Le fait d’avoir beaucoup de députés nous institutionnalise. Je suis désormais invitée à de nombreux événements qui ne nous étaient pas ouverts auparavant. Je pense notamment à des rentrées solennelles de tribunaux et de cours d’appel, aux fédérations, aux célébrations des justes pour la France à l’École Nationale de la Magistrature, etc. De plus, figurez-vous que j’y suis bien reçue !
Vous êtes un parti comme les autres finalement ?
Oui, et même meilleur parce que nous y allons alors qu’il y a souvent des chaises vides. Lors de la journée nationale de la Résistance, j’étais la seule des dix-huit parlementaires de la Gironde à être présente. Il n’y avait même pas un représentant par parti politique. C’est le terrain qui nous fait gagner en crédibilité.
Il y a le terrain, mais aussi ce qui se passe à l’Assemblée, qu’en est-il ?
Le travail que nous faisons à l’Assemblée est très sérieux, nous votons sans sectarisme. Quand une proposition ou un projet de loi va dans le bon sens, nous votons pour. Quand il est perfectible, nous l’amendons et quand il n’est pas bon, nous le rejetons.
Quel thème aimeriez-vous porter à l’Assemblée nationale ?
J’attends le projet de loi immigration de Gérald Darmanin, sur lequel je suis référente pour le RN. Mais ce projet de loi n’arrive jamais. Il a déjà été repoussé à de multiples reprises. Rappelez-vous, il a été annoncé en août 2022. Mais ce n’est pas étonnant, la majorité est très embêtée sur ce sujet parce qu’il n’y a pas de consensus en son sein. Le président de la commission des lois est le pire cauchemar de monsieur Darmanin. Le ministre de l’Intérieur n’a pas de majorité pour faire passer ce texte.
Jordan Bardella a proposé un référendum sur l’immigration. Pensez-vous qu’il y ait, ne serait-ce qu’une chance, pour que la majorité accepte ce référendum ?
Nous le souhaitons, car de nombreux Français le réclament. Il serait bon que le président de la République entende les attentes de son peuple, mais je ne me fais pas d’illusion, une fois de plus, il méprisera son avis. C’est un texte qui peut être repoussé indéfiniment. Il ne verra, hélas, peut-être jamais le jour.
Je voudrais revenir sur les européennes. Sur quels axes voulez-vous amener la campagne ?
Nous allons entreprendre les comités de direction de campagne à partir du 18 septembre. J’en ferai partie en tant que vice-présidente du parti et nous verrons en temps venu. C’est un enjeu de mobilisation. Il faut que nos électeurs aillent voter le neuf juin prochain pour sanctionner Emmanuel Macron et préparer l’avenir.
Les élections européennes ne sont pas si européennes que ça finalement, si ?
Elles sont européennes, nationales et locales. Il y a la question du groupe parlementaire européen qui doit être le plus conséquent possible. Ce groupe devra limiter les dégâts de l’Union européenne. Un exemple, l’Union européenne interdit la chasse à l’oie après février alors que c'est une espèce non-menacée. On se retrouve donc avec une surpopulation, qui entraîne des dégâts dans les récoltes, auprès de l’aviation, etc. Les éoliennes, de même, nous sont imposées par l’Union européenne, tout comme la fin des moteurs thermiques et l'interdiction du cuivre pour le traitement des vignes en Gironde ! L’Union européenne met en place des aides pour les agriculteurs qui sont très compliquées à obtenir. Et, en contrepartie, elle impose le dispositif de la ferme à la fourchette, qui vise à réduire les surfaces cultivables. L’Union européenne est présente dans notre quotidien et c'est notre rôle d’amener les Français à prendre la mesure de cette présence.
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