Politique
Motion de censure : un coup d’épée dans l’eau pour le NFP
Mardi 8 octobre, comme escompté, la motion de censure du NFP contre le gouvernement Barnier a échoué avec 197 voix sur 289.
C’était écrit d’avance : la motion de censure déposée par le Nouveau Front Populaire (NFP) contre le gouvernement de Michel Barnier a échoué. Chacun est resté dans son rôle. La gauche, unie sous la bannière du NFP, a déroulé sa feuille de route anti-RN.
Depuis la tribune, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a déclamé avec ferveur : « Vous ne pouvez ignorer la violence de ce détournement démocratique. Le 7 juillet, c’est le Front Populaire qui est arrivé en tête. Ce gouvernement est placé sous la tutelle de l’extrême droite, alors que deux tiers des Français sont venus lui faire barrage. »
« Quelle supercherie ! »
Le RN, de son côté, a profité de l’occasion pour tacler avec ironie le NFP. « Hier, le NFP se désistait en faveur du macronisme. Aujourd’hui, il veut que nous censurions un gouvernement teinté de macronisme, alors que tant de députés NFP n’ont conservé leur siège que grâce au désistement des macronistes », a rappelé le député Guillaume Bigot, avant de poursuivre : « Vous vous êtes désistés les uns en faveur des autres, mais aujourd’hui vous ne voulez pas gouverner ensemble, et maintenant vous voulez même pas vous censurer les uns les autres ! Quelle supercherie ! ».
“Hier, le Nouveau front populaire se desistait en faveur du macronisme. Aujourd’hui, il veut que nous censurions un gouvernement teinté de macronisme” : @Guillaume_Bigot dénonce une “supercherie” et critique le “barrage républicain”. #MotionDeCensure #DirectAN pic.twitter.com/i8hmpS6Mi2
— LCP (@LCP) October 8, 2024
Pour le Rassemblement National, l’heure n’est pas encore à la censure. « Nous refusons le blocage, nous ne voulons pas d’une crise de régime… Vous n’avez pas de majorité de remplacement », poursuit le député Bigot, en ironisant avec un argument imparable : « Un seul tweet de Marine Le Pen suffit à infléchir la position du Premier ministre sur la désindexation des salaires. » Pas besoin de motion de censure donc, le RN préfère garder la pression sur Barnier sans faire tomber le gouvernement, pour l’instant.
Le piège de la censure
Pendant ce temps, Michel Barnier reste stoïque. Il sait pertinemment que cette motion est condamnée d’avance. « Il n’y a pas dans cet hémicycle de majorité absolue, il n’y en a pour personne », a-t-il rappelé avec calme. Le Premier ministre a vu dans cette tentative de censure une simple perte de temps, alors que le gouvernement s’est mis « au travail ». « Pourquoi s’engager dans une motion vouée à l’échec ? », a-t-il lancé aux députés du NFP.
Certainement pour montrer à ses électeurs que la gauche ne lâche rien, qu’elle est prête à défier un gouvernement « à la merci du RN », comme l’a répété Olivier Faure. Pourtant, cette stratégie est risquée. À force de déposer des motions sans les faire aboutir, c’est le gouvernement qui pourrait finir par en sortir renforcé. Et si un jour, Barnier tombe, ce serait probablement grâce aux voix du RN.
Guillaume Bigot l’a d’ailleurs rappelé : « Si le gouvernement prend des mesures qui aggravent la situation du pays en matière de pouvoir d’achat, d’insécurité ou d’immigration, nous n’aurons aucun état d’âme à censurer (…) si ce jour arrive, comptez sur nous, chers collègues du nouveau Front populaire pour vous rappeler votre irrésistible envie de censurer ».
“On ne censure pas, car un seul tweet de Marine Le Pen suffit à infléchir la position du Premier ministre sur la désindexation des salaires (…) nous préférons exercer une pression sur un gouvernement de moindre mal”, conclut @Guillaume_Bigot (RN). #MotionDeCensure #DirectAN pic.twitter.com/0eM4VRoUC6
— LCP (@LCP) October 8, 2024
En d’autres termes, si la gauche rêve de la chute de Barnier, ce sera peut-être le RN qui appuiera sur le bouton rouge.
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