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Ouverture du procès de Mehdi Nemmouche et de quatre autres djihadistes à Paris
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Dix ans après l’attentat sanglant du Musée juif de Bruxelles, Mehdi Nemmouche, principal suspect de cette attaque qui a coûté la vie à quatre personnes en mai 2014, comparaît de nouveau devant la justice, cette fois à Paris. À partir de ce lundi 17 février, la cour d’assises spéciale juge l’ancien djihadiste et quatre autres accusés pour leur implication présumée dans l’enlèvement et la séquestration de quatre journalistes français en Syrie, entre juin 2013 et avril 2014. Plus d’une décennie après leur libération, Didier François, Édouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres pourront témoigner face à leurs geôliers et raconter leur calvaire.
Les faits : enlèvement et détention des journalistes en Syrie
Le 6 juin 2013, Didier François, grand reporter pour Europe 1, et le photojournaliste Édouard Elias ont été capturés alors qu'ils traversaient la frontière turco-syrienne. Quelques jours plus tard, le 22 juin, Nicolas Hénin, journaliste pour Le Point, et Pierre Torres, photographe indépendant, ont été enlevés à Raqqa. Les quatre hommes ont été détenus ensemble pendant près d'un an avant d'être libérés le 18 avril 2014.
Durant leur captivité, ils ont été soumis à des violences physiques et psychologiques, des privations de nourriture et des simulacres d'exécution. L'État islamique en Irak et au Levant, formé en avril 2013, a séquestré de nombreux humanitaires et journalistes occidentaux, souvent détenus ensemble. Plusieurs d'entre eux, dont le journaliste américain James Foley et l'humanitaire britannique David Haines, ont été exécutés dans des mises en scène macabres qui ont choqué le monde.
Profil des accusés
Parmi les accusés, Mehdi Nemmouche, né à Roubaix, est déjà connu pour son implication dans l'attentat du musée juif de Bruxelles en 2014, pour lequel il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il est désormais jugé pour son rôle présumé de geôlier des otages français en Syrie. Lors de l'ouverture du procès, Nemmouche a nié les accusations portées contre lui, déclarant :
« Je n'ai jamais été le geôlier des otages occidentaux ni d'aucun autre. »
”
Il affirme n'avoir été qu'un « soldat sur le front » engagé dans divers groupes djihadistes contre le régime de Bachar al-Assad. Pourtant, après son arrestation à Marseille, la publication de sa photo dans la presse a permis son identification formelle : il était bel et bien « Abou Omar ». Nicolas Hénin avait en effet déclaré : « Je n'ai absolument aucun doute sur le fait que Mehdi Nemmouche ici présent était mon geôlier et tortionnaire en Syrie connu sous le nom d'Abou Omar. ».
Comme le rapporte Le Monde, les quatre autres accusés sont également poursuivis pour leur participation présumée à la détention et aux sévices infligés aux otages. Abdelmalek Tanem, 35 ans, déjà condamné en France pour avoir rejoint la Syrie en 2012. Le Syrien Kais Al Abdallah, 41 ans, est considéré comme le facilitateur de l'enlèvement de Nicolas Hénin et Pierre Torres. Il a été interpellé en 2019 en Allemagne, où il avait obtenu l’asile avant que son identité ne soit révélée par d’autres réfugiés. Tous deux nient les faits qui leur sont reprochés. Sont également jugés par contumace le belge Oussama Atar, haut cadre de l'État islamique déjà condamné par défaut à la perpétuité pour les attentats du 13 novembre, et Salim Benghalem, considéré comme le chef de la détention des otages, tous deux présumés morts.
Les sévices infligés aux détenus syriens et les jeux macabres des geôliers
Les anciens otages ont fourni des témoignages détaillés sur leurs conditions de détention. Mehdi Nemmouche, fasciné par les affaires criminelles et amateur de Faites entrer l’accusé, alternait entre cynisme et cruauté avec ses otages. Il leur imposait des jeux absurdes, les soumettait à des imitations de Coluche ou d’Aznavour avant de les menacer de mort.
« Tu ne t'attendais pas à entendre chanter un moudjahidin d'Al-Qaïda », lançait-il, savourant l’ironie de la scène
”
Il répétait aussi : « Lorsque je serai sur le banc des accusés, vous viendrez témoigner. ». Les otages évoquent les cris insoutenables des détenus syriens torturés par des bourreaux parlant français. Ils n’ont rien oublié : les « cris permanents » qui résonnaient depuis la salle de torture, les corps suspendus à des crochets, les exécutions dont le sang se glissait sous la porte de leur cellule. Et cette peur oppressante, d’être le prochain. Nemmouche, lui, semblait s’en repaître, décrivant ces sévices ou laissant un cadavre égorgé devant leur porte.
Nicolas Hénin, dans une lettre publiée par Le Monde, a rappelé l’ampleur des crimes commis :
« Tout au long des débats, alors que nous rapporterons devant la cour les supplices que vous avez infligés à vos otages occidentaux, tuant même huit d'entre nous, il conviendra de se rappeler que les souffrances endurées par notre petit groupe n'étaient qu'une goutte dans l'océan de celles que vous avez fait subir à des millions de Syriens. »
”
La cour d'assises spéciale de Paris devra déterminer le degré d'implication de chacun des accusés dans cette affaire complexe. Le procès est prévu pour durer jusqu'au 21 mars 2025.
À lire aussi : Le terrorisme islamiste : 250 000 morts depuis 1979, un fléau mondial
2 commentaires
vert10
Parlons de oussama atar . Article a l'epoque paru dans le journal "libre Belgique ". Amnesty.. Ceux qui soutiennent les terroristes. Le rôle de coordinateur des attentats de Paris et de Bruxelles prêté au Belgo-Marocain Oussama Atar à partir de la Syrie repose la question de sa libération et de la campagne menée en Belgique par sa famille dans laquelle presque tous les partis francophones sont tombés dans le panneau de même que les Affaires étrangères et Amnesty International. On croyait qu’Atar avait été condamné à perpétuité, puis, que sa peine avait été commuée à dix ans de prison, sous le prétexte qu’il avait franchi illégalement la frontière syrio-irakienne pour apporter de l’aide humanitaire aux Irakiens…Le dossier irakien parle de charges autrement plus sérieuses puisqu’il accusait Atar d’avoir rejoint Al-Qaïda. Amnesty a lancé une action urgente "pour que des soins soient apportés en Irak à Atar". Ce type de campagne n’impose pas les vérifications auxquelles se livre systématiquement l’organisation de défense des droits de l’Homme dans les campagne médiatique.
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Né a Roubaix , français par le droit du sol, mais marocain par ses parents. La dechéance de la nationalité française pour les binationaux délinquants devrait être automatique.
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