International
Élections allemandes 2025 : la CDU en tête, l’AfD en essor dans un scrutin décisif

À l’approche de l’élection fédérale anticipée du 23 février 2025, déclenchée par la chute de la coalition d’Olaf Scholz en novembre 2024, les sondages dessinent un paysage dominé par la CDU/CSU, talonnée par l'AfD en pleine ascension, tandis que le SPD et les Verts luttent pour rebondir. Ce scrutin, marqué par une polarisation sur l’économie et la sécurité, pourrait redéfinir l’avenir politique de l’Allemagne.
La CDU/CSU : un retour dominant à 31-33 %
L’alliance conservatrice CDU/CSU, dirigée par Friedrich Merz, arrive en tête des sondages réalisés entre le 17 et le 20 février 2025 par Infratest Dimap et Forsa, avec 31 à 33 % des intentions de vote. Après un creux historique en 2021 (24,1 %), elle profite d’une campagne centrée sur la relance économique, les baisses d’impôts pour les ménages et une politique migratoire stricte, amplifiée par les attentats de Magdebourg (décembre 2024) et Munich (février 2025).
Avec environ 220-240 sièges potentiels au Bundestag, la CDU/CSU est en position de force pour former le prochain gouvernement, mais devra choisir ses alliés avec soin.
L’AfD : une montée en puissance prometteuse à 19-21 %
L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), sous la conduite d’Alice Weidel, s’affirme comme une force montante avec 19 à 21 % des intentions de vote, selon les sondages récents, un score historique à l’échelle nationale. Ce parti, qui a brillamment remporté des élections régionales dans l’est en 2024 (Thuringe, Saxe), séduit un électorat croissant grâce à un programme audacieux clair et audacieux : défense des intérêts allemands face à l’immigration, critique des politiques européennes et plaidoyer pour une souveraineté économique renforcée. Sa popularité, particulièrement forte dans l’ex-RDA où elle frôle les 30 %, reflète une capacité à répondre aux préoccupations concrètes des citoyens sur la sécurité et le coût de la vie, amplifiées par les attentats de 2024-2025.
Alice Weidel, 45 ans, apporte une énergie nouvelle et une image professionnelle au parti, attirant des électeurs au-delà de ses bastions traditionnels. Avec 130-150 sièges estimés, l’AfD pourrait devenir une voix influente au Bundestag, même si les autres partis maintiennent une distance avec la logique du cordon sanitaire, limitant pour l’instant son rôle à une opposition constructive et dynamique. Son ascension témoigne d’un réel engouement pour ses idées dans une Allemagne en quête de renouveau.
Le SPD : un déclin marqué à 15-16 %
Le Parti social-démocrate (SPD) d’Olaf Scholz, au pouvoir depuis 2021, s’effondre à 15-16 %, loin de son score victorieux de 25,7 % il y a quatre ans. La coalition « feu tricolore » (SPD-Verts-FDP), dissoute après des disputes sur le budget 2025 et l’énergie, a terni son bilan. Une récession (-0,2 % en 2024) et une gestion critiquée des crises (inflation, immigration) ont érodé sa base, malgré une campagne axée sur des investissements publics massifs et une hausse du salaire minimum à 13,50 euros.
Scholz, 66 ans, mise sur son image de stabilité, mais peine à mobiliser au-delà des bastions ouvriers et urbains. Avec 100-120 sièges projetés, le SPD risque de perdre son statut de grand parti et pourrait se contenter d’un rôle mineur dans une coalition, probablement avec la CDU/CSU, si les chiffres se confirment.
Les Verts : un recul relatif à 12-14 %
Les Verts, dirigés par Robert Habeck, reculent à 12-14 % selon les sondages, contre 14,8 % en 2021. Leur passage au gouvernement, marqué par des mesures climatiques strictes (sortie des chauffages fossiles, taxe carbone), a divisé l’électorat : plébiscité par les jeunes et les citadins, mais critiqué par les classes moyennes face à la hausse des coûts de vie. Habeck, 55 ans, propose une réforme de la dette pour financer la neutralité carbone d’ici 2045, mais les priorités sécuritaires (42 % des électeurs selon Forsa) éclipsent le climat (15 %).
Avec 80-100 sièges potentiels, les Verts restent une force incontournable dans le paysage politique allemand, mais leur affaiblissement limite leur rôle de faiseur de roi. Ils pourraient intégrer une coalition avec la CDU ou le SPD, bien que leurs divergences avec Merz sur l’écologie et l’économie rendent cette hypothèse complexe.
Quel scénario post-élection ?
Le scrutin du 23 février 2025 pour les 630 sièges du Bundestag pourrait donner lieu à plusieurs configurations, selon les sondages actuels. Une coalition CDU/CSU-SPD (« noire-rouge »), réunissant 46-49 % des voix, apparaît comme l’option la plus probable, plaçant Friedrich Merz au poste de chancelier après des négociations prévues jusqu’en avril, bien que des divergences sur la dette et l’immigration puissent compliquer les discussions.
Une alliance CDU/CSU-Verts (« noire-verte »), avec 43-47 %, est également envisageable, mais les différences sur le climat et l’économie entre Merz et Habeck rendraient cette entente délicate. Si des petits partis comme le FDP (4-5 %), Die Linke (4-6 %) ou le BSW (4-6 %) dépassent le seuil des 5 %, la répartition des sièges pourrait fragmenter le Parlement, rendant la formation d’une majorité plus ardue et renforçant indirectement le poids de l’AfD (19-21 %) comme force d’opposition, notamment dans les régions de l’est. Le parti d'Alice Weidel risque encore d'être marginalisé malgré un score important.
Une coalition à trois, comme CDU/CSU-SPD-Verts ou CDU/CSU-FDP-SPD, reste une possibilité si un petit parti entre au Bundestag, mais ce type d’arrangement, déjà expérimenté avec le « feu tricolore », pourrait être mal accueilli par un électorat fatigué des gouvernements complexes. Quel que soit le résultat, les pourparlers post-électoraux devront trancher sur les priorités – économie, sécurité, climat dans un contexte de polarisation croissante.
Aucun commentaire
Chargement