Société
PFAS : le Parlement français adopte une loi pour restreindre les « polluants éternels »

Le Parlement français a voté ce jeudi 20 février, une loi historique visant à restreindre l’utilisation des PFAS, ces substances chimiques ultra-résistantes surnommées « polluants éternels ». Connus pour leur extrême persistance dans l’environnement et leurs effets néfastes sur la santé, les PFAS sont présents dans de nombreux produits du quotidien. L’adoption de cette loi, portée par le député écologiste Nicolas Thierry, constitue une avancée majeure, bien que certains points aient été amendés sous la pression de certains secteurs industriels.
Qu’est-ce que les PFAS et pourquoi sont-ils dangereux ?
Les PFAS (substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées) sont des composés chimiques utilisés dans de nombreux objets du quotidien en raison de leurs propriétés antiadhésives et imperméabilisantes. : textiles imperméables, emballages alimentaires, poêles antiadhésives ou encore mousses anti-incendie. Leur dangerosité réside dans leur persistance : ils ne se dégradent pas dans la nature et s’accumulent dans l’environnement et l’organisme humain.
Des études ont mis en évidence des risques graves pour la santé, notamment :
- Des troubles hormonaux (perturbation endocrinienne)
- Des risques accrus de certains cancers
- Une baisse de la fertilité
- Des effets négatifs sur le système immunitaire
En France, plusieurs enquêtes ont révélé une contamination inquiétante de l’eau potable, avec des taux de PFAS dépassant parfois les normes sanitaires européennes. Face à cette menace, la loi adoptée vise à réduire drastiquement leur présence dans les produits de consommation.
« La demi-vie des PFAS dans le corps, soit le temps nécessaire pour que la moitié de la substance soit dégradée peut varier de plusieurs jours à plusieurs années. On estime ainsi que 40 % de la population française est contaminé par sept PFAS et 100 % par deux PFAS » - Bernard Pillefer, sénateur du Loir-et-Cher
”
Une loi ambitieuse mais partiellement amendée
La loi adoptée prévoit une interdiction en deux étapes. Dès le 1ᵉʳ janvier 2026, il sera interdit de fabriquer, d’importer ou de mettre sur le marché plusieurs produits contenant des PFAS. Les catégories concernées incluent les vêtements imperméables, les cosmétiques, les farts pour ski et les produits imperméabilisants pour textiles. L’objectif est de réduire leur dispersion dans l’environnement et de limiter l’exposition des consommateurs à ces substances toxiques.
À partir de janvier 2030, l’interdiction sera élargie à d’autres textiles techniques, sauf pour ceux considérés comme nécessaires à la sécurité nationale ou à la protection des travailleurs. Certains équipements professionnels, comme les tenues de pompiers, bénéficieront donc d’une exemption temporaire, en raison de l’absence actuelle d’alternatives viables.
Toutefois, un point controversé demeure : les ustensiles de cuisine, notamment les poêles antiadhésives, échappent à l’interdiction. Les socialistes et les écologistes ont tenté d’obtenir la suppression de l’exemption accordée aux ustensiles de cuisine, soulignant que le téflon, bien qu’étant considéré comme moins nocif que d’autres PFAS, appartient à cette même famille de substances préoccupantes. En réponse, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a mis en garde contre l’impact économique d’une interdiction trop stricte, insistant sur la nécessité de préserver un secteur industriel clé pour l’emploi en France. Il a exhorté les parlementaires à ne pas pénaliser des entreprises qui, selon lui, ont déjà amorcé une transition en ajustant leurs méthodes de production.
Une victoire portée par la mobilisation citoyenne et associative
L’adoption de cette loi est aussi le fruit d’une mobilisation importante de la société civile. Plusieurs ONG, dont Générations Futures, ont mené des campagnes d’information pour alerter l’opinion publique sur les dangers des PFAS.
Avec cette loi, la France se positionne parmi les pays pionniers en Europe dans la réglementation des PFAS. Toutefois, ce combat ne s’arrête pas aux frontières nationales. À l’échelle de l’Union européenne, des discussions sont en cours pour une interdiction plus large et harmonisée des PFAS sur l’ensemble du territoire européen. Plusieurs pays plaident pour une réglementation stricte, tandis que certains acteurs industriels tentent d’obtenir des délais supplémentaires pour s’adapter.
À lire aussi : Du thon en boîte au mercure : un danger européen qui alerte les ONG
Aucun commentaire
Chargement