La livraison d'un couteau par drone interceptée à la prison de Beauvais, le destinataire Abdelaziz Fahd est un détenu radicalisé

Le parquet national antiterroriste (Pnat) a ouvert une enquête de flagrance ce jeudi 27 mars à l'encontre d'Abdelaziz Fahd, l'un des détenus les plus surveillés du centre pénitentiaire de Beauvais. Il a été placé en garde à vue suite à une tentative de livraison clandestine par drone d'un couteau de vingt centimètres et d'un iPhone, un incident qui a provoqué l'indignation des syndicats pénitentiaires, notamment Force ouvrière Justice.

Une tentative avortée de récupération

Détenu à l'isolement, Abdelaziz Fahd est considéré comme le cerveau d'une tentative d'assassinat en 2019 contre deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe. Selon le Pnat, il était le "mentor" d'un groupe radicalisé, cherchant à contourner la surveillance des agents pénitentiaires.

Le syndicat Force ouvrière Justice dénonce un grave dysfonctionnement de la sécurité. Dans un communiqué, il affirme : « La nuit dernière, une livraison par drone a été effectuée à l’attention du détenu le plus en vue de l’établissement de Beauvais. Cette livraison contenait un couteau de 20 cm ainsi que l’un des derniers modèles de type 'iPhone'. Mais quelle était l’intention derrière cette livraison ? Prise d’otage ? Mutinerie ? Attentat ? »

D'après les informations disponibles, le détenu avait confectionné une canne à pêche artisanale pour tenter de récupérer le colis depuis sa cellule. Heureusement, l'intervention rapide des surveillants a permis de déjouer la manœuvre.

Une sécurité mise en cause

Malgré l'installation de brouilleurs anti-drones dans 22 établissements pénitentiaires en 2023, le phénomène des livraisons illicites ne faiblit pas. L'an passé, 53.000 téléphones portables ont été saisis dans les prisons françaises, illustrant l'ampleur du problème.

Force ouvrière Justice alerte sur la vulnérabilité des prisons face à ces incursions aériennes : « Il y a quelques semaines, notre bureau avait déjà mis en lumière le fait que notre établissement était devenu une véritable passoire, malgré le système anti-drone en place. À ce jour, aucune réaction de la part de notre administration n’a été constatée. »

Une fouille sectorielle a été immédiatement organisée par le gradé du secteur QI/QD en collaboration avec les équipes locales de sécurité pénitentiaire (ELSP) afin d'écarter toute menace potentielle.

Le syndicat appelle à une prise de conscience urgente et à des mesures concrètes pour renforcer la sécurité pénitentiaire. « Nous avons frôlé un véritable drame, et nous n’aurons peut-être pas la même chance la prochaine fois », conclut-il.

Abdelaziz Fahd, qui doit être jugé cet été aux côtés de quatre autres accusés, reste sous surveillance accrue en attendant l'issue de cette nouvelle enquête.