Société
« Je lui ai dit d’aller se pendre » : un homme écope de la peine maximale pour avoir poussé son ex-compagne au suicide

Ce jeudi 27 mars, la cour d’appel de Besançon (Doubs) a condamné David Grandclaude, 43 ans, à six ans et six mois d’emprisonnement. Il était poursuivi pour avoir harcelé son ex-compagne, Agnès Gauer, 57 ans, jusqu’à ce qu’elle mette fin à ses jours en juillet 2024 à Beaucourt (Territoire-de-Belfort). Dans les trois jours précédant sa mort, l’accusé lui avait envoyé 1 000 messages. Au total, plus de 12 000 communications ont été recensées en un an, malgré une interdiction de contact prononcée en 2022 après une condamnation pour appels malveillants.
En première instance, en novembre 2024, le tribunal correctionnel de Belfort avait condamné David Grandclaude à neuf ans de prison. L’accusé avait fait appel de cette décision. Lors du procès en appel, la cour a retenu l’altération de son discernement, constatée par un expert psychiatre entre les deux procès, ce qui a conduit à une peine moindre, mais maximale dans ce cadre : six ans et six mois.
Les arguments des parties
L’avocat général, Emmanuel Vion, a décrit l’accusé comme « une personne dangereuse » avec « une personnalité psychopathe » ciblant des personnes fragiles. Il a estimé que « son harcèlement constant a conduit au suicide » d’Agnès Gauer, tout en notant que l’homme « frise la maladie mentale ». Il avait requis six ans de prison.
Face à cela, l’avocat de la défense, Jean-Michel Vernier, a plaidé la relaxe, arguant que les éléments du dossier « ne permettent pas de démontrer un lien direct » entre le harcèlement et le suicide. Il a souligné les antécédents de tentatives de suicide d’Agnès Gauer, sa fragilité psychique et sa prise de médicaments pouvant accentuer ce risque.
Lors de l’audience, David Grandclaude, électricien de profession, a nié toute responsabilité dans la mort de son ex-compagne. « J’étais bienveillant et aux petits soins avec elle, je l’aimais », a-t-il déclaré devant le frère et les trois filles de la victime. Il a rejeté les accusations d’appels malveillants, de surveillance ou de menaces. Cependant, il a reconnu avoir dit à Agnès Gauer « d’aller se pendre » en 2022, ajoutant : « Entre dire et faire… ». L’avocat des parties civiles, Richard Belin, a rétorqué : « Et bien, vous l’avez dit, elle l’a fait. » Les investigations ont révélé une multitude de messages, mains courantes et signalements confirmant un harcèlement prolongé.
Une perception altérée de la réalité
Selon son avocat, David Grandclaude, qui a effectué plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, « n’avait pas conscience de son attitude harcelante ». « Il y a une distorsion entre la réalité et sa perception, il ne ment pas », a plaidé Me Vernier. Cette altération du discernement, confirmée par l’expertise psychiatrique, a influencé la décision de la cour.
Depuis 2020, la France intègre les « suicides forcés » dans son Code pénal, un délit passible de dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende en l’absence de circonstances atténuantes. Dans ce cas, l’altération du discernement de l’accusé a conduit à une peine ajustée, mais ferme, marquant la gravité des faits reconnus par la justice.
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2 commentaires
Guillaume
David prend la peine maximale. Combien aurait il pris si il s'appelait mohamed ou rachid ?
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