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BOOSKA-P, le média rap qui cache bien son jeu
De la même manière que prendre le rap et la culture rap de haut est un tort (il s’agit désormais de la musique la plus écoutée et la plus influente du monde occidental, hélas), les médias rap comme Booska-P ne doivent pas être pris à la légère. Ces structures amatrices montées de bric et de broc dans le sillage de la démocratisation d’internet au milieu des années 2000 constituent aujourd’hui de véritables haut-parleurs auprès d’un public en rupture avec les canaux traditionnels – un public pour qui chaînes de télévision et supports papiers relèvent de l’Antiquité.
Booska-P : Trois potes et un business
Si l’on prend le plus influent d’entre eux, Booska-P (du nom de Buscapé, l’apprenti journaliste héros du film brésilien culte La Cité de Dieu sorti en 2002), l’histoire n’est pas sans charme. En 2005, trois potes originaires de Courcouronnes dans le 91, Fif Tobossi, Alexis Nouailles et Amadou Ba, se mettent en tête d’aller filmer les rappeurs de leur quartier caméra au poing, « façon Michael Mann ». Petit exploit dans un marché du rap français frappé de plein fouet par la crise, nos trois loustics élaborent un modèle économique viable grâce au sponsoring officieux de leur site internet par les maisons de disques (pour assurer leur promo, les artistes sont gentiment incités à acheter de l’habillage marketing). Dix années passent, le nom Booska-P se fait incontournable dans le microcosme, tandis le contenu s’étend au cinéma, au sport et à la mode.
Advient alors « l’ère du streaming ». Second âge d’or du rap français (le premier datant de la période 1995- 1998, celle-là même chérie par ces quadragénaires en survêt’ prompts à vous bassiner d’un « le rap c’était mieux avant »), elle s’accompagne cette fois d’un raz-de-marée commercial. Entre les classements des ventes qui privilégient la musique écoutée à la musique achetée et l’explosion des réseaux sociaux, les ann
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